mardi 29 septembre 2009

J'm'en vais gratter mon manche...


En tant qu'ancienne dévoreuse d'ongles, mon popotin se secoue à la vue d'un ongle qui se casse... La joie de pouvoir le sucer, le déchirer, puis le ronger pendant des heures sans souffrir de la culpabilité de l'avoir sciemment découpé avec ses petites dents...
Mais en tant qu'ancienne dévoreuse d'ongles, je peux attester devant témoins que la seule chose pouvant m'empêcher de me ruer sur mes doigts à grand coup d'incisives est de voir ces jolis petits ongles longs tapoter les tables en rythme...
Il est donc assez classique de voir un repenti porter les ongles très longs, voire même trop longs, et souffrir de ce fait d'une sorte d'handicap pour certains gestes de la vie courante...
De plus, il ne faut pas oublier qu'après avoir passé des années à se priver de l'utilité de posséder des griffes, l'ancien dévoreur d'ongles a toujours des réflexes étranges... comme utiliser ses dents pour ouvrir un emballage alors même qu'il pourrait utiliser ses ongles... Mais c'est sans penser que l'ongle de l'ex rongeur obsessionnel a une capacité bien à lui de n'avoir aucune force et de plier devant n'importe quel morceau de plastique...`

Tout ça pour quoi ? Tout ça pour dire que comme tout autre repenti, je regarde mes ongles pousser, je me réjouis de les voir longs, longs, longs, blancs, blancs, blancs, et parfois noirs dégueu, je me réjouis de découvrir le vernis (moins de découvrir qu'il s'écaille !), les différents types de limes, le dissolvant qui pue, qui fait tourner la tête et qui colle aux doigts, l'obsession de taper toute surface plane avec ses ongles, de griffer tout ce qui traîne, de pouvoir se gratter soi-même et de renoncer aux hommes pour ce faire, et puis et puis... se curer les dents en toute discrétion... se gratter le cuir chevelu et l'intérieur des oreilles à l'occasion (si ce n'est pire...).

Comme tout autre dévoreur d'ongles anonyme, l'idée de les couper relève alors du péché, de l'immoralité absolue, de la négation de leur identité propre... Même si je finis par ne plus sentir les touches du clavier, même si je ne vois pas l'intérêt qu'ils peuvent avoir au quotidien, à part la phobie effroyable qu'ils se retournent... Je ne sais pas vous, mais pour ma part apercevoir dans un film un ongle se retourner me fait cauchemarder toute la nuit durant (adios les films d'horreur !)
Et puis ils sont si ingrats ces ongles ! Je les laisse en vie et ils me trahissent à la moindre occasion, à se retourner, à se dédoubler et je finis une journée avec un doigt sur deux joliment ornementés... Et étrangement, la main droite déplore toujours des dégâts irréversibles...

Mais malgré tout, je ne m'y résouds pas... Je ne peux m'y résoudre... Je les regarde, je les touche et je frémis toujours de plaisir quand la main d'un homme vient s'y frotter... Longs, longs, toujours plus longs... A s'en repaître, à se féliciter d'y être parvenu et à hurler tous les saints quand l'un d'eux décident de décéder et de laisser votre main bancale et disgracieuse...

Sauf que ce soir, j'ai pris la décision de prendre ma guitare qui prend la poussière depuis un an...

Ce soir, je dois renoncer à mes ongles.
Coupe ongle et manche à guitare.

Mais pourquoi persiste-t-on à appeler ça une gratte ?

Comme dirait mon prof de guitare (à qui j'ai fait part de mes inquiétudes d'ancienne ongulo-dépendante), "imagine que c'est une lime à ongles géante" !


1 commentaire:

Carine a dit…

j'adore l'image de la lime à ongle géante !!! qu'est ce qu'on pourrait dire alors de la flûte ??? lol