jeudi 22 octobre 2009

Je passerai par tous les états...


Jacques Salomé a écrit : "Si je veux à tout prix rencontrer la femme de ma vie, il vaut mieux que j'entre déjà dans la vie".

Louis-José Houde a fait une constatation sérieuse : "Quand je jouis, je fais exactement la même face que quand je recule un char".

Pour ma part, j'accumule les constats idiots qui n'ont d'autre utilité que de faire fonctionner mes neurones et ceux de mes proches désemparés...

Je constate que les cordes de guitare sont sadiques et prennent un plaisir manifeste à vous écorcher le bout des doigts... Je pense jouer à présent avec des dés à couture...

Je pense que Michael Jackson avait tout compris en mettant des sparadraps sur ses doigts pour se préserver de ces vilaines cordes...

Je constate que Guitar Hero me donne l'impression fugace d'être la meilleure guitariste de ma génération.

Je constate que si tu es rousse et scorpionne, les rumeurs infondées sur ton compte deviendront des certitudes pour quiconque te fréquente (et tu ne sauras jamais pourquoi).

Je constate que je préfère souvent rêver le chemin plutôt que de l'arpenter.

Je constate que j'ai des attentes paradoxales et... contradictoires et... indéfinies et vice et versa...

Je constate que je suis incapable d'attendre qu'on me désire.

Je constate que je suis toujours à la recherche de maman fourrure.

Je constate que je n'ai toujours pas accepté de m'ennuyer.

Je constate que je suis incapable de lâcher l'affaire, qu'il faut toujours que j'aille au bout de chaque chose. Même d'un film ennuyeux, même lorsque je sens que je pourrai m'ouvrir les veines instantanément à rester devant cette pellicule vidéo... Au point de demeurer assise dans le ciné, à compter les battements de mon coeur plutôt que de courir prendre l'air et la fumée... Alors imaginez pour un boulot ou un mec !

Je constate que traiter quelqu'un de blaireau c'est un compliment en réalité... Le blaireau est le seul animal qui ne lâche jamais prise.

Je constate que quand on me demande "Comment ça se passe pour toi ?", je réponds "Ca se passe de commentaires".

Je constate que je suis incapable de faire une chose à la fois... Les yeux devant la télé allumée, à boire un thé, à fumer une cigarette, à faire des mots croisés, à mettre du mascara, à lire mon dernier chapitre, à écrire une idée sur un calepin, à me triturer les ongles, à battre les pieds en mesure, à envoyer un message, à parler à voix haute... Et sans perdre une miette de chaque activité...

Je constate que l'homme dit souvent "Je lui ai fait l'amour" ou encore "Je veux te faire l'amour" (restons polis) alors que la femme dit "On a fait l'amour" ou encore "Je veux faire l'amour avec toi".

Je constate qu'il m'arrive toujours des choses dignes d'un scénario de série B. Les choses les plus improbables de la vie sont dans la mienne...

Je constate que dans une bande d'amis, les derniers célibataires sont toujours des êtres étranges, bizarres, à la limite de Gollum... Je constate que je suis la dernière célibataire de ma bande d'amis...

Je constate qu'il y a 10 ans maintenant que j'ai perdu ma virginité et que j'ai eu mon bac... Depuis, je passe toujours devant ce lycée et j'ai toujours une photo de ce garçon dans une boîte dans ma chambre d'ado...

Je constate que je suis au travail, et que dans le bureau d'à coté il y a ma collègue que j'aime beaucoup. Au lieu de discuter dans le bureau de l'une ou de l'autre, on s'écrit des conneries sur le tchat de Face de bouc.

Je constate que Gérard Jugnot m'émeut. Il suffit que je le vois, accoudé à sa voiture dans le film Tandem, sourire à Jean Rochefort pour que j'éclate en sanglots... C'est con quand même pour un comique...

Je constate que je n'arrive toujours pas à supporter d'être avec des personnes qui laissent leur téléphone sur la table du restaurant ou du bar (Merde ! Ma conversation est si ennuyeuse ?)

Je constate que je ne sais toujours pas qui a les plus grosses maracas...

Je constate que je lis de la philosophie, des bouquins de psycho, des tas de grands classiques de littérature mais que je prends toujours mon pied à lire Voici le midi.

Je constate que parfois je n'aimerai vivre que des débuts...

Je constate que je pourrai écrire et écrire sans jamais m'arrêter de faire des constats.

Je constate, que ce soit au bord du gouffre ou le sourire sur le visage, que j'ai des amis incroyables...

Je constate que je vais finir ce post sur de bons sentiments.

Je constate que parfois je ne me ressemble pas... (?!)

jeudi 15 octobre 2009

I Feel Pretty... Oh So Pretty...


Agglutinés dans le métro, collés les uns aux autres, nos jolis nez retroussés contre vos jolies chemises tachées de sueur, de café et de vieux parfums nicotinés...

Respiration difficile, conversation hasardeuse, les mains qui cherchent un appui incertain, les dos contre les ventres et les genoux qui cherchent à s'implanter dans le sol comme des roseaux souples et solides... Les visages fermés, hagards, les yeux bas, les yeux hauts, les yeux dans le flou, les yeux dans les vitres... Surtout ne pas se croiser des yeux, alors même que nos doigts se croisent sur les barres métalliques, surtout faire semblant de ne pas sentir vos pieds qui nous écrasent, surtout faire semblant de ne pas sentir les coups de rein un peu gênants du monsieur derrière nous..

Trouver sa place, se coller à la vitre qui se referme sur nos sacs rembourrés, chercher à tout prix un moyen d'occuper le temps.

Mettre de la musique dans ses oreilles, se sentir en confiance, comme à la maison, avec son rythme en cadence des rails... Se sentir chez soi entouré de mille et un visages en souffrance... Chacun à se recréer un petit monde bien à soi, un livre, des mots croisés, un portable à la main, de la musique, un journal, un portable encore... Les yeux fermés, chercher sa couette et compter les moutons dans les souvenirs brumeux d'une fin de journée...

Métro, RER, TER, Tram, Bus...
Même combat...

S'endormir sur l'épaule du voisin, ronfler, baver, mouvement brutal de la tête qui se sent elle-même tomber... Secouer par son compagnon de voyage d'une heure, "On est arrivé à Montparnasse!" ou était-ce "Réveille toi grosse connasse!" ?!

S'occuper par tous les moyens pour oublier que pendant une heure ces inconnus vont graver leurs visages dans nos cerveaux lassés.

Écouter les voisins comme des messes basses en chambrées, regarder les jeunes rire fort, entendre des sonneries, regarder les paysages nocturnes qui n'offrent comme seul intérêt que de pouvoir scruter les gens sans se faire voir...

Je souris dans les transports... Je souris aux gens, je les observe, je les croque en mots, je leur imagine une vie, du mouvement, je cherche parfois aussi à les oublier comme tout à chacun, je les regarde à en pleurer de solitude aussi...

Et puis, musique à fond, yeux fermés, je me prépare au show du soir...

Musique enjoué, rythme saccadé, une ambiance relevée dans mes oreilles, je secoue les cheveux, j'entrouvre les yeux à mesure que je lève la tête...

Grand spot sur les lieux, grand champ sur les visages et comme un vieux film, comme un Grease hollywoodien, au rythme de la musique, le show peut enfin commencer...

J'aime à imaginer que nous sommes tous dans une grande comédie musicale...

J'aime à m'imaginer me lever, attraper la barre en experte de pole dance, tourner autour en chantant fort fort fort, toujours plus fort pour couvrir les bruits des rails et que le perchiste son chope bien le timbre délicat de ma voix rauque.

Je danse dans les couloirs, entre les sièges, en attrapant le visage des jeunes, des vieux, des couples et des puceaux boutonneux qui lisent deux trois poèmes en se laissant porter par la berceuse ferroviaire.

Et comme par magie, certains se lèvent pour répondre... Je n'avais pas imaginé que le costaud en costard portait un piercing au téton ni que le chevelu hard rockeur pouvait reprendre le rôle du castrat de service... A cappella, on se croirait dans une Star Academy au rabais... Deux trois entrechats pour l'ado en jogging, un pas de bourrée pour la mère de famille qui lève le nez de sa liste de courses...

Un Grease à 19h dans un train de banlieue, à troquer le cuir contre la doudoune, la clope avec le stylo, le brushing avec la casquette...
Un West Side Story entre le wagon haut et le wagon bas.
Une histoire d'amour restée sur le quai à qui faire des coucou et des sombres mélodies pleines d'espoir.
Un peu de chaux sur les voies et des tenues rouges portant des sacs blancs, de quoi faire pleurer et amener un peu d'émotion.

Sauter sur ses pieds, danser, déraper entre les wagons, chanter plus fort que les chœurs des voyageurs... Raconter sa journée et ses états d'âme à la manière d'ABBA et envoyer valser nos chaussures sur les contrôleurs...

Je vois les plans séquence orangé des trains au siège en cuir.
Et les roublards qui fument, à qui faire la morale une bonne fois pour toute...
Envoyer de l'argent en l'air pour regarder les pauvres mendiants se battre à grand coup de ticket restau... (comédie musicale politiquement incorrecte pour cyniques avertis)
Foutre des coups de pied chorégraphiés au pervers qui cherche à nous montrer son entrejambe entre deux stations...
Arracher les oreilles du petit con qui ne connait pas l'existence des écouteurs et lui imposer notre musique pour le restant de ses souvenirs...

A chaque fois que je suis assise, debout, accroupie, sur une jambe, en équilibre contre le dos d'une personne,
A chaque fois que je suis bercée, secouée par un moyen de transport collectif,
A chaque fois, je souris...
Et porte-jarretelle, fume cigarette, avant de retourner à mon quotidien, héroïne hollywoodienne, héroïne bollywoodienne, les rails m'offrent mon dernier rôle en société...

Il suffit juste de rêver...

Verrai-je un sourire sur vos visages de voyageurs ce soir ?

dimanche 11 octobre 2009

D'anonymes petites vies...


Encore un dimanche soir sur la Terre... Toujours un peu de nostalgie, toujours un fond de déprime... Ravivant d'antiques souvenirs, réveillant dans le réel des nœuds au ventre et des larmes anciennes... Comme une envie mélancolique de se replonger pour quelques instants dans la poussière d'heureux moments enfouis sous des débris d'années...

Encore un dimanche soir sur la Terre... Et fidèle à moi-même, j'en appelle aux pensées d'avant...

Souvenir d'un samedi soir sur la Terre... Quelques années auparavant... Un goût d'hier dans la bouche et le sourire en coin pour les heures, depuis, à en rire...

En retard, à trépigner dans le métro, le visage collé aux portes, j'aperçois à peine mon reflet dans la vitre tant le verre est gras. Période estivale, les mômes ont étalé leurs mains pleines de glace fondue un peu partout.
Les portes s’ouvrent enfin, en un pas je cours déjà, sans rien remarquer, en poussant la foule qui arrive à contre sens. Courir en criant "pardon, excusez-moi ".
Stoppée nette. Devant, un mur. Voie sans issue. La sortie est de l’autre côté. Joli coup. Les gens se marrent sur mon demi-tour. Je traîne les talons, je baisse la tête, un brin minable.
Je suis en retard. Je m'en fous maintenant.

En sueur, devant une porte blindée, je me décide enfin, respiration profonde, à sonner.

Une heure plus tard, les yeux rivés sur mon verre, je maudis la terre entière, maudis la vie, maudis ces couples et me maudis moi-même d’avoir accepté de venir à cette soirée.
Seule sur un canapé, faisant face à six chaises. Chaises non musicales, ça ne tourne pas, ça ne bouge pas, si ce n’est pour échanger des baisers.
Et oui, je suis seule face à trois couples, trois mignons petits couples, trois écœurants petits couples, dégoulinant d’amour et d’ignorance.
La naïveté humaine a six visages et ils sont tous tournés vers moi.

Je ne parviens pas à esquisser un sourire, le visage fermé, je ne relève la tête que pour regarder l’écran de télé allumé que je peux apercevoir entre deux visages. Un match de foot. Un samedi soir. Moi, un samedi soir, devant une vodka orange, un match de foot et six visages souriants qui ne cessent de sourire que pour mélanger leurs salives.

Le débat est lancé… Les petits couples vont s’installer dans leurs appartements respectifs…
Se pose alors la question primordiale (Dieu sait comme on est con quand on est en couple) des meubles de chez Ikea… Le modèle imprononçable… La couleur sur les murs des toilettes… Et la peinture dans la chambre ? Mettre des couleurs différentes dans chaque pièce… Un bel orangé pour la chambre pour le couple de gauche, celui de droite opterait pour un rose pâle… L’évier sympa, et le mobilier de salle de bains où tout le monde s’accorde pour le bleu et les serviettes de bain assorties… Et les toilettes de la couleur du papier cul…
Les hommes rient et parlent gros œuvre. Abattre un mur, faire un bar dans la cuisine… Les joints du carrelage et le parquet rétorque celui du milieu…

A moi, ça me rappelle juste ma propre connerie… A disposer des photos sur les murs de l’appartement que j'ai occupé avec mon ex pour finalement les retirer, il y a quelques semaines, en signe d’adieu à cette vie…
C’est bien beau l’évier et le mobilier que l’on va vider pour quitter cet appartement… C’est bien beau les couleurs pastel dans la chambre et les draps assortis dans lesquels on ne dormira plus jamais… C’est bien beau le choix de l’armoire qui nous aura pris une semaine de peinture pour au final la vider de ses effets, la regarder et savoir qu’elle finira dans un dépôt vente…

Je n’ai rien à dire…

Je m’étire sur le canapé et finis par renverser mon verre… En voilà une excuse toute trouvée pour fuir dans la cuisine. Je finirais par m’asseoir sur une chaise devant l'évier en regardant mon téléphone, espérant qu’un ami appellera pour me secourir…

En revenant dans le salon, les conversations vont toujours bon train autour de l’aménagement des appartements de chacun. Celui du milieu a allumé un joint qu’il fume discrètement pour ne pas avoir à le faire tourner… Atterrée, je suis atterrée…
Et le visage de mon amie tournée vers moi qui sourit faiblement en forme d’excuse de m’avoir conviée. Elle me demandera si je vais bien…
Je regarderais chaque paire d’yeux devant moi, et pesant mes mots, dirais : "Moi aussi, j’ai eu un appartement. Moi aussi j’ai passé mes dimanches après-midi chez Ikea… Une heure pour se garer, deux heures dedans juste à se balader, une demi-heure pour se décider à acheter, et des milliers d’euros qui sont partis dans des meubles en kit montés le soir même avec entrain… Ouais moi aussi j’ai eu ça… et puis voilà, ce soir je suis assise toute seule dans ce canapé. Risible, non ?"

On me rétorquera que chaque histoire est différente et que si la mienne a été un échec la leur n’en sera pas forcément une.
Cette conviction des couples…
Cette haine de voir devant eux la représentation de l’échec d’une vie de couple…
Cette conviction que leur vie de couple à eux, la leur, elle seule, tiendra toute la vie…
Cette conviction que j'avais moi-même au début !
J'aimerais faire cesser ces discours par une banalité sans nom "Je vous souhaite tout le bonheur du monde".
Mais en tout état de cause, je ne le pense pas.
Je souris en pensant au jour où ces messieurs et ces demoiselles viendront en pleurant prendre les photos qu’ils ont mises au mur, viendront récupérer leur brosse à dent en jetant un coup d’œil à ce mur qu’ils avaient peint en riant ensemble un dimanche avant de faire l’amour à même le sol.
Je souris en pensant à toute cette tristesse qui tombera sur leurs épaules.
Je souris en me disant que je suis monstrueuse de méchanceté mais merde j'en ai bien le droit après tout.
La conversation se poursuit sur le coût des travaux dans les appartements. "Mais hé réveillez-vous ! Et si on parlait du CPE… et si on parlait de choses qui concernent l’avenir de chacun ?" Mais non... Je resterai les yeux rivés sur la télévision avant de me décider à finir mon deuxième verre de vodka. Je me lèverai et prétexterai le dernier métro. Je ferai la bise à tous ces amoureux que je ne reverrai jamais. Je dirai au revoir à monsieur parquet, à mademoiselle chambre orange, à mademoiselle feng shui, à monsieur qui va détruire un mur dans sa maison achetée à crédit.
Je quitte l’appartement de mon amie. Elle me raccompagne et, posant sa main sur mon épaule, me dit que ce n’était pas prévu ainsi, que je ne devais pas être la seule célibataire.
Je secoue la tête, ce n’est pas grave… Un ton résigné…

Devant les rails, à la station de métro aérien, je regarde les lumières de la ville… Je n'ai pas couru pour avoir le métro, je n’ai pas couru, j'ai décidé de prendre mon temps, de savourer ma solitude pour regarder les détails de la ville.
Puis, je me suis lassée de cette solitude, j'aurai aimé parler à quelqu’un, j'aurai aimé qu’on passe son bras autour de mon épaule pour me protéger du vent, j'aurai aimé regagner l'appartement décoré par mes mains et prendre la brosse à dent qu’un homme m'aurait tendue…
Mais je suis rentrée chez mes parents sans faire de bruit… J'ai regardé les photos au mur en pensant aux discussions qu’ils avaient dû avoir pour décorer le foyer.

Je ne veux plus jamais aller chez Ikea, je ne veux plus jamais avoir à aller chercher mes affaires dans un appartement qui a été le mien et dans lequel je me suis blessée pour poser des clous au mur, je ne veux plus jamais regarder de croquis de meubles en kit.
Je veux juste écouter de la musique triste.
Dans ma chambre d'adolescente, j'ai fouillé dans une boite.
La première fois depuis que je suis partie de chez moi.
J'ai regardé les sourires figés d’un couple que j'ai formé.
J'ai été comme ceux qui m’ont dévisagé toute la soirée.
J'ai pleuré.
Et je me suis promise de ne plus fréquenter de couples.

En fermant les yeux, en mettant mes boules Quiès, je me suis faite une raison.
Le monde continuera à tourner et l’amour à exister, et ce même si je ne suis plus une des élues…

lundi 5 octobre 2009

Such a Drama Queen !

Se retenir...
Un concept qui parlera à tous... Et surtout à toutes...
Se retenir, prendre sur soi...
Laisser la frustration gravir les échelons du tolérable à l'obsessionnel...
Se retenir d'aborder certains sujets, se retenir de prendre son téléphone et de laisser des tas d'appels en absence, des messages embrouillés qui ne parleront pas à l'autre, se retenir de dire des choses malheureuses...
Se retenir de peur de passer pour l'accro, la dépendante affective...
Se retenir parce que bordel! il parait qu'une fille ça doit se faire désirer, et puis parce qu'on veut tester un brin l'autre...
Se retenir d'être soi-même...
Se retenir de dire ses sentiments, se retenir de déverser d'amour, de plonger dans le mélodramatique... Quitte à s'en torturer la tête, quitte à compter les heures...
Se retenir...
Accepter le silence, accepter l'attente, accepter ... Ne plus y penser, tout du moins tenter de ne plus y penser...
DAMNED !!!
Je n'ai jamais franchement su me retenir, quitte à m'en mordre les doigts (absence d'ongles oblige (faut suivre mes cocos !))
Savoir attendre sans attendre, savoir meubler sa tête, son agenda pour laisser l'instant gagner... Que le Carpe Diem règne...
Mais ne serait-ce pas un peu diabolique de s'infliger telle épreuve ?
N'ai-je jamais appris la frustration ou est-ce une manifestation d'anxiété généralisée ?

N'avez-vous jamais été dans les bras d'un homme ou d'une femme, après l'amour (instant dont vous devez impérativement vous méfier) prêt à déclamer des tas de grands sentiments ?
Une petite voix ne vous a-t-elle pas dit à ce moment là "Attends ! Attends que ça vienne de l'autre !" Mais hé ! Et si ça ne venait pas ? Dois-je me frustrer sous prétexte qu'il faille que ce soit l'autre qui me noie d'amour le premier ?
Mais, et si l'autre se disait exactement la même chose ?
On n'en finit plus de se retenir alors...

Laisser le temps au temps, jouer la distance, se faire attendre soi-même...
Non, je suis mauvaise à ce jeu, comme une incapacité à m'interdire de dire, de faire...
Comme une attitude en permanence en rébellion avec les règles de l'amour, de l'amour propre...
Si seulement j'étais en adéquation avec mes désirs !
Dans mes fantasmes, je suis distante et on me court après pour essayer de me retenir... Dans mes fantasmes, je suis source de grands sentiments, je suis celle que l'on attend désespérément...
Dans mon quotidien du lundi soir, je suis celle qui se dit qu'un jour il faudra reprendre le manuel et cesser d'adhérer à l'idée qu'il ne faut pas se priver, que ça provoque des ulcères... Que la frustration crée les tueurs en série...
Mais l'idée grandit en moi que le tueur en série sommeillant dans mes veines ne sortira qu'après des heures à attendre de la sorte...
Vous me direz, tu n'as qu'à arrêter d'attendre... Tu n'as qu'à arrêter d'y penser...
Grand sourire de la demoiselle qui adore les "tu n'as qu'à" et qui a bien envie de vous demander "Ah ouais et tu fais comment toi pour que ton cerveau lâche une idée fixe ?"

A votre guise, attendez, n'attendez pas mais petit conseil qui vaut ce qu'il vaut (comprendre lundi soir, les doigts esquintés par les cordes de guitare, le kir sucré, le sauciflard, la tonne de vaisselle qui attend sagement), après l'amour ne mouftez pas un mot...
Non jamais !
Vous pourriez vous retrouver avec un homme (ou une femme) chez vous, son sac, ses cartons, juste pour avoir pensé que l'orgasme était confirmation du Grand Amour et que ça coulait de source qu'il vienne emménager chez vous pour vous faire jouir tous les jours !

Alors là, oui mes amis, au diable les rebelles de la frustration pour le coup, après l'amour, fermez la bouche, respirez par le nez, et gardez juste ce sourire de panda idiot !
Ce sera déjà une très belle déclaration d'amour !