mardi 24 novembre 2009

De l'oeuf au couvercle, de la poule au pot...


On se raccroche à ce qu'on peut...

Quand on se sent blessé, vide, un brin désemparé, un brin désespéré.
Quand on finit par mettre un terme à une relation qui nous tenait à cœur (ou serait-ce l'autre qui y a mis un terme ?) le jour décreté national comme jour de la gentillesse (un peu un comble quand même surtout quand on pense que c'était un vendredi 13 en prime)...
On se raccroche à ce qu'on peut...
Aux vieilles émotions, aux légendes d'un ancien temps, aux promesses des gourous, aux dictons des grands mères, aux conseils avisés des usés de l'existence, aux romans chéris, à l'idée que la vie ne peut pas nous décevoir à tous les coups, qu'elle nous réserve forcément de grands moments.

On se raccroche vraiment à ce qu'on peut...

Par exemple, combien d'entre vous se rassurent ou rassurent les autres avec ce simple proverbe : "Chaque pot a son couvercle" ?
Moi je veux bien, mais à tous les coups quand j'entends cet adage, je ne ressens aucun soulagement. Bien au contraire, un tsunami de questions ravage mes cellules grises.
La principale étant : "Ok les gars, mais moi, je suis un pot ou un couvercle ?"
Partant de là, je dois trouver quoi ? Un couvercle ou un pot ?
Est-ce que je suis destinée à être remplie par quelque chose ou à couvrir quelque chose ? Doit-on combler un trou béant en moi ou me garder au chaud ?
Est-ce qu'il va falloir faire toutes les brocantes, toutes les quincailleries, toutes les enseignes de bricolage pour trouver ce pot ou ce couvercle ? C'est un peu peine perdue si je ne sais même pas si je cherche un pot ou un couvercle...

Et puis, après je me rappelle qu'il faut encore trouver la bonne personne au bon moment.
Et que ça relève presque du miracle..
Et si tu étais tombé sur la bonne personne mais que ce n'était pas le bon moment ?
Est-ce que tu le réalises un jour, ou la vie t'épargne-t-elle cette horrible prise de conscience ? Est-ce qu'à un moment de ta vie, tu te dis "DAMNED ! J'avais trouvé mon pot, j'avais trouvé mon couvercle, mais je n'étais pas encore un beau pot bien émaillé, j'étais un couvercle tout cabossé, tout maltraité par des années de mauvaise cuisine...

Alors épargnez-moi ce proverbe...
Même si vous ne savez pas quoi me dire, souriez-moi, soutenez mes épaules mais évitez ce genre de réflexions qui me tiendront éveillée toute une nuit...

J'ai trouvé une astuce quand j'ai besoin de me raccrocher à l'idée qu'un couvercle ou un pot attend sagement dans sa kitchenette que le pot ou le couvercle que je suis sorte de son propre placard...
Je regarde l'heure... Et invariablement, quand je ne sais plus où me tourner, je vois qu'il est 11h11, 15h15, 17h17, 22h22, 23h23 et parfois même, me réveillant en sursaut, je regarde l'heure et il est 03h03...
Alors je fais un voeu, j'ai une pensée pour les personnes que j'aimerai voir redébarquer dans ma vie... Je souris et je pense que tout n'est pas perdu...
Etrangement, quand je lâche l'espoir, quand je baisse un peu les bras, que je décide qu'il est temps de passer à autre chose, à d'autres bras, que l'autre ne redébarquera pas, qu'il n'était pas mon pot, qu'il n'était pas mon couvercle, que je n'étais pas prête à être son joli pot bien arrondi ou son couvercle rutilant en inox, alors vous pouvez être sure que regardant l'heure il est 01h02, 10h11, 22h23...

Je me raccroche à ce que je peux, mais je vois toujours en ça le signe qu'il est temps en effet de sourire tristement et de penser à d'autres voeux pour le prochain 22h22 que je verrai apparaître sur mon ordinateur, mon téléphone, ma pendule Marilyn Monroe, ou encore l'horloge de ma voiture...

On se raccroche à ce qu'on peut quand on espère toujours entendre un pas connu dans sa cage d'escalier...

Mais hé, il est 19h19...


mardi 10 novembre 2009

"A mesure que le temps passe, je mesure le temps qui passe..."

Des semaines à regarder le temps passer...

Avec l'allure du temps qui se méprend sur mon sourire, je réalise le fruit de ma folie : à chercher le premier rôle dans ma propre vie, je fais de la figuration...

Je souris niaisement derrière l'actrice principale espérant un coup d'œil du jeune premier gominé.
A vrai dire, ce film est déplorable, ma vie peinte par un autre, même pas capable d'écrire mon propre synopsis...
Devrais-je me donner le rôle principal dans le scénario de mon existence ? Ou me cantonner à ce statut d'observatrice ?

J'en arrive à craindre de faire partie de ces anonymes faisant la queue à la caisse de Dieu... Les uns pressés, les autres, yeux rivés sur les précédents craignant les sentences.
Parfois j'ai envie de hurler, "Posez moi hors du rang", peu m'importe, je veux être remarquée, que ce soit à une caisse moins de dix péchés, à une caisse personne handicapée de la vie... Qu'importe du moment qu'ils sont gênés par mon existence.

Je ne veux pas être l'une de ces anonymes...


Malheureusement, je me trimballe avec un sentiment misérable, une impression quasi constante d'être sur la bande d'arrêt d'urgence...
Les autres filent et moi j'attends toujours qu'on me chope au passage...
Résultat, je n'avance pas bien vite et quand je trouve une de ces cabines téléphoniques oranges, je suis bien trop reconnaissante à celui qui répond, à la limite de lui remettre ma vie... "Fais mon bonheur, fais mon malheur, mais fais moi avancer au moins sur un kilomètre"...
Mais toujours et inexorablement, je termine sur la bande d'arrêt d'urgence à regarder ceux qui se font flasher, ceux qui se font doubler mais toujours, toujours ceux qui avancent...
Moi, le pouce en l'air, j'ai même arrêté de marcher, j'ai renoncé à faire le chemin seule, j'attends que quelqu'un s'occupe de moi et veuille bien prendre en charge mes pieds blessés...
Ne dit-on pas qu'il faut trouver chaussure à son pied ? Que qui va pied nu s'écorche ou devient dur comme de la corne ?

J'aurai envie de me trouver une petite embarcation, me lancer sur l'autoroute mais j'ai peur des accidents, j'ai peur des virages et des animaux qui traversent, peur du gendarme et des appels de phare... Alors, je reste sur la bande d'arrêt d'urgence...
C'est un comble quand on pense que l'espérance de vie sur une bande d'arrêt d'urgence est de 15 à 20 minutes (encore une légende urbaine pour faire peur aux humains que nous sommes)...
Au final, je risque plus facilement ma vie à rester inerte là plutôt qu'à avancer dans le flux... Et puis j'ai froid... Balayée par les courants d'air...

Je regarde défiler les vies des autres, ils s'engueulent dans leur petite voiture, ils pleurent, ils rient, ils écoutent la musique très fort, ils font l'amour en équilibre sur le levier de vitesse, ils regardent droit devant eux, ils regardent dans le rétro... Mais ils avancent, ils sont acteurs, le pied sur l'accélérateur... Ils peuvent freiner, débrayer, relâcher le pied, ils peuvent... Ils sont maitres... Même si tout est illusoire, même si tout peut s'arrêter en une seconde... En attendant, la seconde d'avant ils étaient vivants et libres d'avancer, de freiner, de tourner...
Et de me prendre en stop...

Mais vivre sur une bande d'arrêt d'urgence et attendre qu'on vous prenne, ça veut dire ne rien décider, ne rien choisir, se faire choisir comme au cours de sport quand les capitaines d'équipe optent pour le plus sportif et vous laissent en dernier choix, être aussi jolie et bandante qu'une prostituée en attente d'un client salvateur... Aussi désespérée et démunie...
Mais, j'en ai marre de me taper les voitures des autres, les engueulades des autres, les musiques des autres, les histoires d'amour que je n'ai pas choisies.

J'ai envie de trouver ma propre voiture, même si ce n'est rien d'autre qu'un vieux tacot qui tousse, partir sur l'autoroute de ma vie, croiser des compatriotes, leur faire des bras d'honneur, leur envoyer des bisous coquins, écouter ma musique, choisir mon auto stoppeur, le balancer dans un virage, prendre la sortie de droite, aller voir la mer sur un coup de tête, gueuler sur le GPS, le rendre coupable des sorties de route et puis acheter des moufles pour ne plus avoir à sortir mon pouce...