mercredi 14 avril 2010

Et en plus, elle triche au Cluedo !


Il m'arrive parfois de me sentir lasse de vivre mille aventures en une seule journée.
Il m'arrive même parfois de regretter sérieusement de n'avoir pas reçu en cadeau à ma naissance de la part de nos amies les bonnes fées la douce tranquillité...

Quand sur l'autoroute, perdue entre le GPS qui confond sa droite et sa gauche et le plan imprimé sur Mappy (site persistant à créer des routes qui n'existent pas), je réalise à la vue du voyant orange que j'ai encore oublié de mettre de l'essence. Je perçois alors les dernières gouttes de gasoil rendant l'âme dans de petites villes à la recherche d'une station essence -inexistante-, la panique qui fait battre le sang dans les oreilles...

Alors je rêve d'avoir une vie paisible...

Quand j'ouvre ma fenêtre la nuit pour une petite session artiste maudite, la lune, la cigarette et le vent frais qui ondule le long de mon visage. S'engouffre alors une chauve-souris dans mon salon (Salon-Chambre-Cuisine-Studio ciné-Bureau-Baisodrome), tournant, virevoltant à une vitesse impressionnante autour de mon plafonnier et ponctuant ses allers-retours de petits cris devant mes yeux terrifiés...

Alors oui, je rêve d'avoir une vie paisible...

Quand j'arrive à mon travail en faisant claquer mes talons et que j'apprends que l'un de mes collègues, (et accessoirement un garçon que j'ai fréquenté quelque temps), a embauché dans sa structure un de mes ex (Non, je n'ai pas une vie de débauchée!). Devant mon sourire de façade, je ne peux empêcher mon cerveau de fuser et d'imaginer de multiples scénarios dans lesquels ces deux compères enivrés à la bière bon marché se raconteront des anecdotes sur la demoiselle...

Je confirme, je rêve d'avoir une vie paisible...

Quand je ne peux pas me rendre à un rencard sans tomber sur un ancien amant ou sur un membre de la famille d'un ancien amoureux...

Quand la seule demande en mariage qu'on m'ait faite émanait d'un prêtre...

Une vie paisible...

Quand je cherche l'anonymat sur internet et que je finis par discuter doucereusement avec un jeune homme avant de percuter plusieurs échanges plus tard qu'il s'agit d'un collègue lui-même recherchant l'anonymat...

Paisible, on a dit !

Quand mon téléphone sonne et qu'au bout du fil (ça se dit encore ça avec les téléphones portables ?) un individu effectuant un sondage sur les bières (si si, ça existe) finit par tomber amoureux de ma voix et décide de me harceler pendant 6 mois...

Je persiste, je rêve d'avoir une vie paisible...

Quand, alors que mon boulot consiste à recevoir des gens blessés, je me ramène un lundi matin avec un hématome violet sous l'œil et qu'autour de moi les collègues s'empressent de savoir si je me fais battre...

Par Pitié !

Quand on me fait une déclaration d'amour à faire fondre Goethe, Chateaubriand et la clique des romantiques souffreteux themselves et que deux jours plus tard, le ravageur oublie mon anniversaire...

Et un peu de calme, c'est possible ?

Quand je souris à un charmant garçon dans le train, que je sens que quelque chose passe entre nous, qu'il ouvre son téléphone et que son chat angora lui sert de fond d'écran...

Du banal et de la paix ?

Quand, alors que ma mère m'avait prêté sa voiture, j'ai perdu un enjoliveur (j'ai toujours eu une passion pour les trottoirs, j'aime les coller, les frotter aussi et même parfois leur monter dessus mais chut...)et que j'ai tourné dans les rues à minuit pour trouver le même enjoliveur sur la même voiture pour le piquer ni vu ni connu... (et surtout pas ma mère...)

TRANQUILLE !

Quand je me décide après d'après négociations avec moi-même, qu'au vu du rapport qualité-prix et rentabilité, il serait préférable que j'arrête la pilule.
Systématiquement, à tous les coups, la semaine d'après, je rencontre un mec...

Les yeux clos et sereins ?

Quand je vais voir une dame spécialisée dans l'étrier et la palpation de poitrails et que regardant mon âge sur sa petite fiche bristol, elle me dit avec un sourire aussi grand que l'écartement de mes cuisses "On vient parce qu'on veut faire un bébé, hein ?!"... Tête basse...

Et le visage de la plénitude, c'est en option ?

Et surtout, surtout, j'aimerai avoir une vie paisible maintenant, tout de suite, à cet instant précis...

Quand je cherche à me poser pour écrire enfin, après un mois de mésentente avec mon clavier, et que la jolie mésange bleue qui se pose sur mon balcon depuis une semaine vient une fois de plus de voir son reflet dans ma fenêtre et a décidé que se jeter toutes les minutes sur la vitre comme elle le fait depuis 7 jours avec la régularité digne d'un névrosé souffrant de trouble obsessionnel compulsif ce n'était pas un délai assez court pour faire fuir son rival -à savoir elle-même (oui, cet oiseau est très intelligent!)...
30 secondes, toutes les 30 secondes, un coup de bec sur la vitre, le temps de reprendre ses esprits et hop encore un coup...
Un oiseau suicidaire ou démoniaque ? Pensez-vous qu'il ait l'intention de pénétrer à l'intérieur une fois que la vitre aura cédé ? Pensez-vous qu'il s'acharnera de la même façon sur mes yeux ?

A cette allure, je ne pourrais plus écrire pendant des mois... Tant et si bien que je chercherai toutes les combines pour le faire fuir, le zigouiller, le marabouter, lui faire payer cher de provoquer chez moi un arrachage constant des cheveux...
Encore qu'en vlà une bonne excuse si ce que j'écris est mauvais.
"Pas de ma faute, y a une mésange bleue qui veut ma peau !"


Je sais bien que le piquant rend attachant mais tout de même... Allez, juste un peu de calme, un peu de douceur, un peu de paix...

Et dire que j'arrive encore à m'ennuyer malgré tout...