mercredi 10 mars 2010

"Que la lumière soif... Et la lumière but"


J'ai souvent remarqué que c'étaient dans les moments les plus anodins de la vie que s'ouvraient les cadenas de mon inconscient.

Certains grands mystères de mon cerveau prennent alors la couleur de l'évidence. Certaines idées reçues voient leur contour devenir tout autre et il arrive même que certains silences prennent mots.

C'est en voyant un ami fêter son anniversaire que j'ai réalisé que ce que je prenais pour un acquis, n'était finalement pas si acquis...

C'est en voyant mon ami prendre son fils sur ses genoux pour souffler ses bougies en forme de 30 et laisser le gamin blond comme les blés arracher le papier cadeau, que...

C'est en voyant cette scène, en voyant les sourires de chacun, en voyant cette action digne d'un film bien pensant américain et toute cette bienvaillance environnante que j'ai réalisé que...

"Oh mon Dieu, je n'ai pas encore grandi !"

"Oh mon Dieu, je refuse catégoriquement de partager mon anniversaire avec un autre être humain ! Même s'il s'agit de mon enfant!"

DAMNED ! Ces bougies ce sont les miennes et ces cadeaux ne peuvent être déballés que par mes petites mains fébriles!

Et pourquoi quelqu'un d'autre irait ouvrir le paquet cadeau ? Pourquoi ? De quel droit on me retirerait ce plaisir inoui de secouer, de retourner, de renifler, de deviner, de retirer le scocth doucement puis d'arracher enfin sans répit, sans souffle ?

De quel droit ? Sous pretexte d'être un enfant ? Un peu légère comme excuse...

Alors que chacun souriait, ému, touché, j'ai compris à mon absence de sourire, au plissement de mon front qui me crée des rides, et à ma lèvre supérieure qui s'est redressée que quelque chose clochait...

J'ai compris qu'il ne servait à rien de trépigner d'impatience pour rencontrer l'homme de ma vie (le premier, le second ou le troisième, j'ai arrêté les comptes) et mettre rapidement en route la colonie de couches...

J'ai cru pendant des années qu'un enfant pourrait tant et si bien faire mon bonheur. Qu'il ne me manquait plus que lui pour être définitivement moi...
Mais non, j'ai encore envie d'ouvrir mes cadeaux et de souffler seule mes bougies. Que ce plaisir reste le mien. Que les sourires de mes proches me soient adressés plutôt que ce regard attendrissant et tellement ému qu'ils posent sur ce portrait poignant de l'enfant émerveillé par les bougies. Moi aussi, je suis émerveillée par les bougies !
J'ai envie de penser encore à moi, et d'être égoiste encore une journée dans l'année.

Et puis me resservir un cinquième verre de punch sans avoir à me dire "Je peux pas, je dois me lever à sept heures pour nourrir bébé"...

Moi, je n'ai que le chien à promener vers 11h, alors ressers-moi ! Et un bout de gâteau aussi tiens !