mercredi 3 août 2011

Hormonez-moi ...



Il y a quelques semaines de cela, on m’a fait remarquer à juste titre que je n’avais pas composé le moindre petit tas de mots depuis 9 mois - le temps d’une gestation humaine -

Et pour autant, rien n’a grandi en moi, rien ne s’est développé, pas même un muscle.

J'étais donc bonne pour déclencher l’accouchement, bonne pour propulser de moi ce qui commençait sérieusement à s’amasser, à s’entasser, de quoi craindre l’infection, l’inflammation des tissus ou le retour imminent de mes vieux démons.

Et comme de par hasard, comme une prémonition, une extra lucidité, j’avais pris un de ces rendez-vous qui font cauchemarder plus d’une d’entre nous. Celui du tâteur de féminité, de l’écarteur de jambes fuselées. Celui de l’annihilation de toute pudeur…

Quelle meilleure idée aurais-je pu dénicher que de prendre rendez-vous avec un professionnel de l’accouchement alors même qu'aucun texte ne sortait de mes tripes ?


Sur un sourire, le malentendu est né…

Et sans le vouloir, la femme en blouse a fait sortir ma rage latente, cette amertume que j’essayais d’endormir à grands coups de cuillères à même le pot de Ben and Jerry's (le "chocolate fudge brownie" est une valeur sûre) ou de morceau de fromage croqué à pleine dent, ce spleen que je tentais de dompter à force de baisers et de doux mots d’amour…


Sur un simple sourire, elle a mis un terme à ma grossesse nerveuse et a donné vie à ces mots.

"Vous venez me voir aujourd’hui parce que vous avez décidé de faire un bébé ?!"

BLANC….

Je venais justement pour mon renouvellement de pilule ma cocotte…

Je venais justement pour pouvoir continuer à avoir une vie sans me préoccuper des conséquences, je venais justement pour avoir la paix, ne pas penser matrice, fécondation, calcul, température et les sempiternelles "oh mon dieu s’il était roux !!??"

"Mais quel âge avez-vous ?"

Sentant poindre le malaise qui gagnait la paume de mes mains, j’ai tenté le sourire de la nana avec une grosse confiance en elle (Vous voyez le genre ?) Aucun problème. Aucune culpabilité en moi.

"Vous savez que vous avez l’âge moyen du premier enfant en France ?!"

Ah oui, parlons statistiques ! C'est toujours très révélateur de ce que je n'ai vraiment pas envie de devenir.

Et elle croisa alors les mains, et elle pencha son visage sur la gauche… Et j’eus soudain hâte d’être nue, d’avoir ses mains sur mon corps, juste pour fermer les yeux, reprendre possession de la situation, entendre le claquement des gants en latex, et faire un chèque contre ordonnance... Qu'elle cesse de compatir sans raison.

"Je me dois de vous prévenir que passer un certain âge, on a beau se sentir jeune, le corps lui s’use et les ovaires sont les premiers organes à s’user… Passer un certain âge, vos ovaires meurent…"

En gros, je pourris de dedans même si de dehors je n’ai pas de rides, c'est ça ?

"Pourquoi vous n’y pensez pas ? Vous avez un compagnon ? Vous avez un travail ? Un enfant souhaite juste être aimé par des parents équilibrés. Ne pensez pas au matériel." (L'argument des parents équilibrés...)

De Dieu, elle plaide pour sa paroisse !!

Enfantez ! Enfantez !

C’est de votre âge ! Vous allez pourrir !

Et moi, comme dans un processus de deuil, je me promène dans la colère, dans le déni, je négocie avec elle, si j’attends encore deux ans, vous croyez que je serai toute pourrie en dedans ? Je marchande quelques années. J’ose croire que je ne vais pas pourrir en une nuit…

En retirant mes habits, j'ai senti la chape de plomb de la culpabilité se loger tout autour de mes cheveux, couler le long de mon échine…

Et si ? Qu’ai-je donc fait de ma vie jusqu’ici ? Et si ma mère avait raison ? Et si celle qui met mes pieds dans les étriers avait raison ? Et si c'était ma destinée ? Et si c'était maintenant ou jamais ? Et si je n'étais bonne qu’à enfanter ?

Et si je regardais les choses autrement.. Un enfant, un bébé, le tien, le mien, le notre, sur terre, sur cette terre. Maintenant ? Demain ? Avant que je ne pourrisse et que je n’ai plus que mes ovaires atrophiées sur lesquelles pleurer.


Le spleen a souri et repris peu à peu de la place, il a même bondi de joie quand achetant mes cigarettes en sortant de chez le médecin, j’ai vu cette image (de celle qu'ils veulent choc) d’une femme promenant un berceau vide ("fumer réduit la fertilité et nuit aux spermatozoïdes")

Le spleen s’est réjouit de mon appel à l’homme lui reprochant de réduire sa fertilité alors même que mes ovaires étaient en train de mourir... que je pourrissais intérieurement… et puis, et puis, et puis…


J’ai roulé vite, j’ai roulé fort, j’ai hurlé tout du long, sur lui, sur moi, sur la vie qui nous a fait nous rencontrer sur le tard...

Et soudain, au détour d’un stop, j’ai réalisé, réalisé que je le voulais, que je l’avais prononcé à voix haute, sans même le calculer, sans m’être entrainée au préalable, j’ai réalisé que j’avais trouvé celui avec lequel faire un enfant pourrait être une sacrée aventure.


Alors la rage a terrassé le spleen !

Et avec un coup d’accélérateur et le bon "SANS DÉCONNER !", j’ai décidé d’envoyer paître les discours culpabilisants. Je suis jeune, je suis fraiche, je ne me ride pas, et mes ovaires attendront bien quelques années encore, le temps de se dire qu’on ne se trompe pas, le temps de me sentir de devenir une femme pour de vrai, d'accepter l'idée de sentir un être humain en soi, d’imaginer accoucher sans avoir envie de vomir rien qu'à l'évoquer, d'admettre pouvoir avoir ce sourire de femme enceinte qu’on trouve juste cucul pour le moment…


Encore un peu de temps à grignoter sur la vie...

Avoir encore un peu l’impression que je la gère, que je fais ce que j’en veux. Et que si mes ovaires pourrissent, c’est parce que je l’aurai décidé ainsi.


Mais avouons-le, le discours marche, avouons-le! La rage, le spleen n’ont pas pu faire taire l’angoisse du temps qui avance.

Et pourtant, en quittant son bureau, j'ai ressenti cette sorte de certitude nouvelle, apparue sans aucune mise en garde.

OK madame l'étrier, tu as gagné ! Pas demain, pas l’année prochaine mais OK tu as gagné, je la veux moi aussi cette grande aventure…


Et pour la première fois de ma vie, une chose semble sûre, une seule et unique réalité, un détail presque infime mais qui ravit mon cerveau.

Parce qu’on est tous au courant maintenant, ce n’est pas tant que je suis névrosée, c’est surtout que j’aime vivre dans la difficulté…

Mais pour une fois, je sais où j’ai envie d’aller. Pas quand, ni comment, ni pourquoi mais je le sais quand même…



vendredi 8 octobre 2010

Blame it on the Trismus...


Le monde vire étrangement, selon un angle bien aléatoire, le monde tourne mal peut-être, ou a-t-il déjà tourné correctement ?

Je m'interroge au crépuscule, à l'aube, à l'aurore, à la nuit tombée, je m'interroge les yeux fermés, je m'interroge les yeux collés à la fenêtre...

Le monde va mal, mes amis !
Même si vous vous serrez dans votre couette à compter les moutons, même si vous sucez votre pouce en balançant votre crâne au rythme de douces mélodies, rien ne vous préserve bien longtemps malheureusement. (Notez ce ton prophétique !)

Tout simplement parce qu'au détour d'un détour, l'évidence vous attend avec son gros sourire moqueur, l'évidence se tient au garde à vous et ne propose aucun repos : le monde est perdu...

Parce qu'il ne suffit pas de voir la nature crever, de faire le boulot que je fais et de voir des gens pleurer à longueur de journée, non non ! vos voisins, vos amis, vos collègues, vos accessoires, votre propre mode de vie, vous même parfois d'ailleurs, tout ceci contribue à ce monde qui tourne sans but...

Le jour où le GPS de mon mec (notez le "mon mec", si c'est pas déjà preuve que le monde va mal que de faire d'un être humain son être humain) a dit "Préparez vous à sorter à droite", j'ai compris qu'il serait long le chemin pour trouver (re-trouver ?) un semblant de ligne droite.

Lorsqu'à la radio, j'ai entendu cette pub pour le Bordeaux et son jingle de fin : "Et vous, quelle est votre excellente raison d'en boire?" et que seule dans ma voiture, j'ai répondu : "Euh au hasard, l'alcoolisme ? la dépression ?".

Quand dans l'entrebâillement d'une porte, j'ai entendu une femme enceinte dire qu'elle supporterait que son enfant souffre de trisomie, ou de débilité (fallait déjà savoir que c'était encore une maladie) mais pas qu'il soit roux.

Quand on m'a affirmé sur un ton péremptoire que je ferais mieux de quitter un homme parce que malheureusement pour lui il souffrait d'une maladie auto immune, "Ça va pas être marrant!"

Quand allant chez un de mes amis, j'ai constaté qu'il vivait dans une cuisine.

Quand on s'efforce de paraitre détaché alors que l'on est attaché.

Quand on se retrouve à ingurgiter du gingembre (est-ce que sérieusement, ça a déjà excité l'un d'entre vous?), devant des hommes à moitié nu - rediffusion télévisuelle d'une émission plein de "tentateurs" - avec son chien sur les genoux (rien que le mot tentateur avec l'accent marseillais dessine la fin du monde).

Quand on réalise que plus jeune on comptait les mois avant de faire l'amour et que maintenant on compte les heures avant de baiser.

Quand les informaticiens se mettent à faire de la salsa (de quoi enrichir le concept de métrosexuel).

Et quand, au cours d'une soirée d'anniversaire, on se moque une fois de plus des individus aux cheveux roux en ma présence (je me demande si ces gens ont conscience de ma couleur de cheveux), "Qu'ils sont étranges les roux! En plus, ça se refile, regardez les gens qui étaient bruns et qui sont devenus roux!" (à quand la réhabilitation des bûchers, que Diable!).
Et puis on finit par vous invectiver directement (ah si ! Ils ont conscience que j'ai les cheveux roux en fait!) avec cette phrase contenant toute la bêtise que l'humanité peut avoir dans sa salive : "Ne le prends pas mal, tu n'as pas eu le choix toi, tu es né comme ça..."

Quand être différent est une tare... Parce qu'après les indiens, les noirs, les arabes, les asiatiques, les blondes et les roux, je sais pas moi, à quand les vannes sur les albinos nains homosexuels ! (Qu'est ce qu'on se fend la gueule!).

Quand trouver tout ça bien pathétique vous catégorise en personne sans humour. (J'ai de l'humour au contraire puisque j'aime justement exagérer... Fallait y penser !)

Quand passer un moment entre filles, s'appelle pour la plupart des garçons une après midi "tampons".

Quand pour échanger, dialoguer, prendre l'apéro et même faire l'amour, on se connecte à un ordinateur.

21ème siècle, tu me ravis à chaque bouchée. Je me croirais presque dans la Grande Bouffe.

Quand tellement d'insultes, tellement d'injustice, tellement de contrées sanglantes, tellement de violences, quand on peut être rouer de coups pour un simple appel de phare, quand on se fait traiter de pétasses juste parce qu'on a un décolleté mais pas les jambes écartées (à ce prix là, autant les écarter), quand on a un œil au beurre noir pour un plat pas salé et les veines empoisonnées pour une opinion politique, quand on se ronge la peau de la bouche pendant que les cheminées réchauffent les manteaux des chiens des beaux quartiers...

Tant et tant que je préfère ricaner sous cape des bêtises du quotidien, de celles qui vous heurtent à longueur de journée et qui se rapprochent insidieusement de vos cerveaux...
Quand tout va mal, qu'on viole, qu'on brûle, qu'on frappe, qu'on explose, quand chaque seconde un être meurt et qu'on aimerait pouvoir oublier que le tour des proches viendra, la bêtise du quotidien se rappelle à vous.

On m'a dit qu'il ne faut jamais lâcher l'aventure humaine car elle s'arrêtera d'elle-même (joli lieu commun ceci dit) ...

Alors juste pour l'aventure, je veux bien fermer les yeux sur vos conneries, me mordre la langue, esquisser un sourire fier et ravaler les tonnes d'insultes qui commençaient gentiment à se déverser dans ma bouche...

J'aimerais simplement que vous fassiez de même !
Après tout, on se promène tous dans ce même monde perdu...

Et parfois, ça semble long une vie...
(mais si courte quand on la passe à vos côtés, êtres chéris...)
Et parfois, ça semble long une vie...


jeudi 10 juin 2010

Et si on allait faire rire les mouettes ?


Réveil d'un coma artificiel - Le monde tourne et le monde virevolte


Absence - Je végète - Bave au coin de la lèvre - Sourires stupides

Atteinte du syndrome ?

Je vérifie sur ma peau les symptômes, je les compte comme je compterai mes tâches de rousseur.

Je me rends à l'évidence devant le nombre augmentant de phrases qui ne me ressemblent pas.

Je suis contaminée...

Je le suis
Diagnostic posé : Je suis une fille en couple - version flippée...

Je me nourris de vin et de sexe,

Je ris plus que de mesure,

Je ne me démaquille plus que le matin juste avant de me remaquiller,

Je souris aux passants et le nombre d'hommes voulant mon numéro ne fait qu'augmenter (ironie du sort que chaque célibataire a pu constater et qui est devenu un lieu commun: on ne plait jamais autant que quand on ne peut plus s'aventurer dans plusieurs chambrées)

Je ne cherche plus à me nourrir.

: Première phase du syndrome.

La plus idyllique, celle qui ne fait pas trop peur, qui n'angoisse pas trop, celle où on prend sans se préoccuper de demain, celle où on se dit "pfff s'il part, qu'il parte !"


La deuxième phase est déclenchée par l'envie de se faire des petits déj en amoureux, des goûters en amoureux (et d'utiliser le mot "amoureux" de partout), des cafés viennois maison, des gâteaux au chocolat maison.
Parfois même, dans les cas extrêmes, on se met à cuisiner et à remplir le frigo et même à se promener nue dans son appartement à tout moment de la journée sans raison, en dansant, en fumant, en riant, en téléphonant (pour le grand plaisir des ouvriers qui ravalent la façade).


La troisième phase consiste à stresser à l'idée de rencontrer les amis de l'autre, de ne pas se trouver jolie, de se demander ce qu'il nous trouve. C'est le début de l'angoisse, le début du "Et s'il part..." Le début des "je t'aime" qui brûlent un peu les lèvres mais ne décollent pas de la langue.
C'est prendre l'apéro, grignoter dans le canapé, se faire des bisous au goût chocolat, fricoter avec des canards qui vibrent sous les doigts. Regarder l'autre dormir, faire taire deux minutes les hormones et commencer à relever chez l'autre des défauts.
"Est-ce qu'il voit déjà les miens?"


Puis vient le moment où la fille se transforme en une nouvelle sorte de fille. La méconnue, l'étrange. Elle donne ses clés, elle donne un espace de liberté à l'autre chez elle, elle fait même confiance...
Et puis elle ne sait plus dire "Je", elle souffre d'amnésie partielle et a validé le "on" pour remplacer ce mot manquant...
"On a froid"


Arrive alors la cinquième phase du syndrome fille en couple.
Regarder tous ses amis célibataires avec peine, et songer à les caser, penser limite à monter une agence pour faire matcher les personnalités de chacun.
"Tes amis garçons à toi avec mes copines à moi"...


La sixième phase c'est constater qu'on a pris plein de kilos en grignotant, qu'on ne fait plus la moitié des activités qu'on faisait avant de rencontrer ces jolis yeux, qu'on a pas écris depuis des mois, qu'on ne fait plus de sport, qu'on mange, qu'on prend l'apéro, qu'on fait l'amour, et qu'on est même capable d'envoyer paître tout ce qui nous déplait sans penser aux conséquences, qu'on devient vraiment soi en somme, mais qu'on aimerait bien être soi avec les kilos d'amour en moins...

Et en parallèle, on s'éloigne sacrément de ce qu'on était et de temps en temps on aimerait encore pouvoir se reconnaitre.
Ne pas se perdre de trop.
Être encore un peu là sans l'autre...
"Et s'il part ? Que restera-t-il de moi ?"

Exister... Être... Sans lui...
Se dire qu'il est bon le temps avec toi, mais qu'il faut qu'il soit bon le temps sans toi...


La septième phase complète le diagnostic.
Si tu trouves que ton couple est le plus funky de la terre, le plus marrant, le mieux assorti, et que vous deux c'est juste évident... Le concept de l'amour a été créé pour vous ?
Alors c'est foutu...


Il en restera des phases après celles là, mais les prochaines elles viennent juste parfaire le diagnostic de désamour.
Mais pour l'heure je ferai taire le pessimisme, le réalisme et pour bien coller à mon syndrome de fille en couple, je me persuaderai encore une minute (le temps de faire ce texte) que "mais bien sur toi et moi, ça ne deviendra pas un remake horrible de " La guerre des Roses" ".

Sauf qu'on a dit fille en couple - version flippée...

C'est pas encore gagné...




mercredi 14 avril 2010

Et en plus, elle triche au Cluedo !


Il m'arrive parfois de me sentir lasse de vivre mille aventures en une seule journée.
Il m'arrive même parfois de regretter sérieusement de n'avoir pas reçu en cadeau à ma naissance de la part de nos amies les bonnes fées la douce tranquillité...

Quand sur l'autoroute, perdue entre le GPS qui confond sa droite et sa gauche et le plan imprimé sur Mappy (site persistant à créer des routes qui n'existent pas), je réalise à la vue du voyant orange que j'ai encore oublié de mettre de l'essence. Je perçois alors les dernières gouttes de gasoil rendant l'âme dans de petites villes à la recherche d'une station essence -inexistante-, la panique qui fait battre le sang dans les oreilles...

Alors je rêve d'avoir une vie paisible...

Quand j'ouvre ma fenêtre la nuit pour une petite session artiste maudite, la lune, la cigarette et le vent frais qui ondule le long de mon visage. S'engouffre alors une chauve-souris dans mon salon (Salon-Chambre-Cuisine-Studio ciné-Bureau-Baisodrome), tournant, virevoltant à une vitesse impressionnante autour de mon plafonnier et ponctuant ses allers-retours de petits cris devant mes yeux terrifiés...

Alors oui, je rêve d'avoir une vie paisible...

Quand j'arrive à mon travail en faisant claquer mes talons et que j'apprends que l'un de mes collègues, (et accessoirement un garçon que j'ai fréquenté quelque temps), a embauché dans sa structure un de mes ex (Non, je n'ai pas une vie de débauchée!). Devant mon sourire de façade, je ne peux empêcher mon cerveau de fuser et d'imaginer de multiples scénarios dans lesquels ces deux compères enivrés à la bière bon marché se raconteront des anecdotes sur la demoiselle...

Je confirme, je rêve d'avoir une vie paisible...

Quand je ne peux pas me rendre à un rencard sans tomber sur un ancien amant ou sur un membre de la famille d'un ancien amoureux...

Quand la seule demande en mariage qu'on m'ait faite émanait d'un prêtre...

Une vie paisible...

Quand je cherche l'anonymat sur internet et que je finis par discuter doucereusement avec un jeune homme avant de percuter plusieurs échanges plus tard qu'il s'agit d'un collègue lui-même recherchant l'anonymat...

Paisible, on a dit !

Quand mon téléphone sonne et qu'au bout du fil (ça se dit encore ça avec les téléphones portables ?) un individu effectuant un sondage sur les bières (si si, ça existe) finit par tomber amoureux de ma voix et décide de me harceler pendant 6 mois...

Je persiste, je rêve d'avoir une vie paisible...

Quand, alors que mon boulot consiste à recevoir des gens blessés, je me ramène un lundi matin avec un hématome violet sous l'œil et qu'autour de moi les collègues s'empressent de savoir si je me fais battre...

Par Pitié !

Quand on me fait une déclaration d'amour à faire fondre Goethe, Chateaubriand et la clique des romantiques souffreteux themselves et que deux jours plus tard, le ravageur oublie mon anniversaire...

Et un peu de calme, c'est possible ?

Quand je souris à un charmant garçon dans le train, que je sens que quelque chose passe entre nous, qu'il ouvre son téléphone et que son chat angora lui sert de fond d'écran...

Du banal et de la paix ?

Quand, alors que ma mère m'avait prêté sa voiture, j'ai perdu un enjoliveur (j'ai toujours eu une passion pour les trottoirs, j'aime les coller, les frotter aussi et même parfois leur monter dessus mais chut...)et que j'ai tourné dans les rues à minuit pour trouver le même enjoliveur sur la même voiture pour le piquer ni vu ni connu... (et surtout pas ma mère...)

TRANQUILLE !

Quand je me décide après d'après négociations avec moi-même, qu'au vu du rapport qualité-prix et rentabilité, il serait préférable que j'arrête la pilule.
Systématiquement, à tous les coups, la semaine d'après, je rencontre un mec...

Les yeux clos et sereins ?

Quand je vais voir une dame spécialisée dans l'étrier et la palpation de poitrails et que regardant mon âge sur sa petite fiche bristol, elle me dit avec un sourire aussi grand que l'écartement de mes cuisses "On vient parce qu'on veut faire un bébé, hein ?!"... Tête basse...

Et le visage de la plénitude, c'est en option ?

Et surtout, surtout, j'aimerai avoir une vie paisible maintenant, tout de suite, à cet instant précis...

Quand je cherche à me poser pour écrire enfin, après un mois de mésentente avec mon clavier, et que la jolie mésange bleue qui se pose sur mon balcon depuis une semaine vient une fois de plus de voir son reflet dans ma fenêtre et a décidé que se jeter toutes les minutes sur la vitre comme elle le fait depuis 7 jours avec la régularité digne d'un névrosé souffrant de trouble obsessionnel compulsif ce n'était pas un délai assez court pour faire fuir son rival -à savoir elle-même (oui, cet oiseau est très intelligent!)...
30 secondes, toutes les 30 secondes, un coup de bec sur la vitre, le temps de reprendre ses esprits et hop encore un coup...
Un oiseau suicidaire ou démoniaque ? Pensez-vous qu'il ait l'intention de pénétrer à l'intérieur une fois que la vitre aura cédé ? Pensez-vous qu'il s'acharnera de la même façon sur mes yeux ?

A cette allure, je ne pourrais plus écrire pendant des mois... Tant et si bien que je chercherai toutes les combines pour le faire fuir, le zigouiller, le marabouter, lui faire payer cher de provoquer chez moi un arrachage constant des cheveux...
Encore qu'en vlà une bonne excuse si ce que j'écris est mauvais.
"Pas de ma faute, y a une mésange bleue qui veut ma peau !"


Je sais bien que le piquant rend attachant mais tout de même... Allez, juste un peu de calme, un peu de douceur, un peu de paix...

Et dire que j'arrive encore à m'ennuyer malgré tout...


mercredi 10 mars 2010

"Que la lumière soif... Et la lumière but"


J'ai souvent remarqué que c'étaient dans les moments les plus anodins de la vie que s'ouvraient les cadenas de mon inconscient.

Certains grands mystères de mon cerveau prennent alors la couleur de l'évidence. Certaines idées reçues voient leur contour devenir tout autre et il arrive même que certains silences prennent mots.

C'est en voyant un ami fêter son anniversaire que j'ai réalisé que ce que je prenais pour un acquis, n'était finalement pas si acquis...

C'est en voyant mon ami prendre son fils sur ses genoux pour souffler ses bougies en forme de 30 et laisser le gamin blond comme les blés arracher le papier cadeau, que...

C'est en voyant cette scène, en voyant les sourires de chacun, en voyant cette action digne d'un film bien pensant américain et toute cette bienvaillance environnante que j'ai réalisé que...

"Oh mon Dieu, je n'ai pas encore grandi !"

"Oh mon Dieu, je refuse catégoriquement de partager mon anniversaire avec un autre être humain ! Même s'il s'agit de mon enfant!"

DAMNED ! Ces bougies ce sont les miennes et ces cadeaux ne peuvent être déballés que par mes petites mains fébriles!

Et pourquoi quelqu'un d'autre irait ouvrir le paquet cadeau ? Pourquoi ? De quel droit on me retirerait ce plaisir inoui de secouer, de retourner, de renifler, de deviner, de retirer le scocth doucement puis d'arracher enfin sans répit, sans souffle ?

De quel droit ? Sous pretexte d'être un enfant ? Un peu légère comme excuse...

Alors que chacun souriait, ému, touché, j'ai compris à mon absence de sourire, au plissement de mon front qui me crée des rides, et à ma lèvre supérieure qui s'est redressée que quelque chose clochait...

J'ai compris qu'il ne servait à rien de trépigner d'impatience pour rencontrer l'homme de ma vie (le premier, le second ou le troisième, j'ai arrêté les comptes) et mettre rapidement en route la colonie de couches...

J'ai cru pendant des années qu'un enfant pourrait tant et si bien faire mon bonheur. Qu'il ne me manquait plus que lui pour être définitivement moi...
Mais non, j'ai encore envie d'ouvrir mes cadeaux et de souffler seule mes bougies. Que ce plaisir reste le mien. Que les sourires de mes proches me soient adressés plutôt que ce regard attendrissant et tellement ému qu'ils posent sur ce portrait poignant de l'enfant émerveillé par les bougies. Moi aussi, je suis émerveillée par les bougies !
J'ai envie de penser encore à moi, et d'être égoiste encore une journée dans l'année.

Et puis me resservir un cinquième verre de punch sans avoir à me dire "Je peux pas, je dois me lever à sept heures pour nourrir bébé"...

Moi, je n'ai que le chien à promener vers 11h, alors ressers-moi ! Et un bout de gâteau aussi tiens !

jeudi 18 février 2010

... "Se anche tu vedi la stessa luna non siamo poi così lontani" ... (Version 2010 : "Viens bébé, on va tester mes nouvelles MST")


Sans vouloir en rajouter, en faire trop, ou même victimiser les pauvres célibataires que nous sommes mais tout de même, quelle méchante façon de ricaner à nos nez a encore créé le mignon petit couple en inventant la très respectueuse Saint Valentin.

En voilà une journée où cela semble normal à tout le monde que les garçons se promènent avec des fleurs ou avec des gros cœurs roses (de quoi remettre leur virilité en cause pendant six générations), où cela semble normal à tout le monde que les sexes mélangés déclament des poèmes pompés sur Internet auxquels ils vont rajouter des fautes d'orthographe rien qu'en recopiant.

Moi aussi, j'avais bien envie de rendre hommage à l'Amour mais cette journée n'a pas eu le déroulement classique d'une journée d'amoureux. Peut-être parce que je n'en ai pas, me direz-vous...
Détrompez-vous ! Il parait que c'est le jour des coups d'éclat, le jour où l'homme dans l'ombre, amoureux de vous depuis des siècles et se languissant de vous voir sans vous posséder, se manifeste !

N'y tenant plus, j'ai décidé de laisser une chance à ce garçon de se manifester. Et ce dès les premières heures.


Dimanche 14 février, minuit trente, je rentre chez moi avec encore une rose dans les dents ("Encore ?!" "Oui, sauf que cette fois-ci, je l'ai eu au resto japonais pour célébrer un couple que je n'ai pas").

Minuit trente, les écouteurs blancs de l'IPod violet lancent du Miossec sur les pavés ("Oui, je suis pleine de vie moi, Msieurs Dames !") et comme un rappel pour mes bras qui se serrent seuls, le breton névrosé, dépressif et alcootabacologique (pour être polie) hurle dans mes oreilles :

"Je vous téléphone encore, ivre mort au matin
Car aujourd'hui, c'est la Saint Valentin
Et je me remémore notre nuit très bien"

Merci Miossec de déclencher le compte à rebours de la journée du coup d'éclat amoureux.

Aujourd'hui, je vais attendre, attendre que l'Amour sonne à ma porte ou m'envoie une carte pleine de cœurs dégoulinants et ridicules ou encore qu'il dépose des roses sur chaque pavé de la ville pendant la nuit pour que je les ramasse pendant la promenade du chien (quelle idée d'un romantisme douteux!)

Aujourd'hui, je t'attends Amour !
Je suis jolie, je souris, je t'attends !

La journée décline, le soleil va faire un tour de l'autre côté de l'hémisphère, et la Saint Valentin s'éloigne du calendrier.

Je me promène sur mon clavier attentive aux moindres bruits de craquement, l'Amour est peut-être sur le pas de la porte à hésiter, à s'entrainer pour ne pas bafouiller...

Une journée entière gaspillée à te désirer.

Je n'en peux plus du silence, je n'en peux plus de l'attendre, je n'en peux plus de devoir me résoudre à l'idée que l'Amour n'est pas derrière la porte, que le prétendant dans l'ombre ne se manifestera pas aujourd'hui !

Peut-être qu'il a eu trop peur, ou peut-être que tout simplement il n'existe pas...
Peut-être que je n'ai pas de prétendant dans l'ombre.
Peut-être que personne ne m'aime en silence.

Il faut que je fasse taire ce constat angoissant, il faut que mon cerveau fasse une pirouette, il ne faut pas finir cette journée de l'amour sur des larmes... Surtout pas.
J'allume les enceintes, la petite lumière bleue s'éclaire. Je prie juste un peu pour que les voisins ne comprennent pas les paroles.

Une Saint Valentin qui finit en beauté sur les paroles de ce rappeur qui a tellement fait parler de lui :

"J'aime pas trop les 14 février
Tout l'temps seul à force de m'faire griller
J'te tèje la veille et j'te r'baise le lendemain
Suce ma bite pour la Saint-Valentin"

Le fleuriste n'a pas sonné à ma porte, je n'avais pas de carte pleine de cœurs rouges en fourrure dans ma boîte ou sur mon paillasson ou même sous ma porte, pas de prétendant m'attendant sur les pavés pour hurler son désir de moi...

Alors j'ai écouté cette chanson et je me suis rappelée à quelle époque nous vivons ! Ce qu'était devenue la déclaration d'amour en 2010...

Mais si j'y pense, même pas un poème recopié avec des fautes d'orthographe sur ma boîte de réception hotmail !

Allez, on se dira que le prétendant a eu trop peur.
Ce que je suis impressionnante quand même !

dimanche 31 janvier 2010

Girls just want to have fun !!


Une rose entre les dents,

Un verre de trop dans le nez,

Je saute sur les pavés de ma rue...


Le vin blanc réchauffe mon corps, mais j'ai les extrémités gelées. (Rien de bien original un soir de janvier)

Les mains se glissent dans les poches, les dents se cognent à la tige fro
ide...

Mes doigts effleurent un papier
Un papier blanc
Plié

Un papier que je ne crois pas avoir mis dans ma poche
Un papier blanc plié que je n'ai définitivement pas mis dans ma poche
Je monte les escaliers de mon petit immeuble

De l'eau fraiche dans une bouteille de Despé
La rose peut étendre ses pétales
Les talons valsent sur le parquet

Les bras se ferment sur le museau de l'animal

Et le papier blanc se déroule au son du sèche cheveux et au parfum du démaquillant...

Il était certain que nous n'allions pas passer inaperçues...
J'étais restée devant le bar à finir ma cigarette lançant en éclaireur, dans ce cosy endroit à banquettes rouges, la blonde et la brune...
J'entre.
Le trio est alors au complet...
Un ersatz des Drôles de Dames sauf que finalement à y réfléchir il n'y a jamais eu de rousses dans ce trio cathodique... Mais pour ce soir, nous serons les Drôles de Dames...

Le patron et le serveur au garde à vous devant nos sourires, lèvres pulpeuses, gloss, rouge à lèvres.
Je n'ai pas pu m'empêcher de me dire que la vie était bien plus facile quand on était une fille, qu'on souriait et qu'on avait les yeux qui papillonnaient des cils...
Quelle injustice injuste ! Mais qu'il fait bon sur ses banquettes rouges ! J'ai dis quoi ? Ah oui quelle injustice injuste... Oui, oui... Ah oui l'apéro tiens !

Ça sirote du vin blanc avec des liqueurs de filles, ça sirote du thé... Et ça échauffe l'imagination de nous voir rire à gorges déployées.
Le patron n'y tenant plus, des roses apparaissent sur nos tables...

Le serveur, jaloux comme un pou, ne supportent pas de voir nos jolis nez dans nos roses rouges

"Moi, je vous aurai pas offert une rose mais tout le bouquet ! "
Rires des Drôles de Dames !
Et bim bam boum, nous voilà avec un deuxième verre offert par Monsieur le serveur qui se ronge les sangs...
"Elles sentent rien en plus ces fleurs, moi j'vous le dis, les filles ! "


On a arpenté les rues de Montparnasse avec nos roses et nos verres de trop...
Et puis ce papier que je déplie

Je me souviens juste d'avoir fait la bise au patron pour le remercier.
Je me souviens juste qu'il m'a serré très fort.
Et me voilà avec un papier blanc glissé discrètement dans une poche...

L'avantage du papier blanc, c'est que la couleur ne risque pas de passer.
Au pire avec le mélange renfermé et clopes, il deviendra jaune pisseux...
Tiens ! Il pourra presque rejoindre mon post-it ! Et aussi la cigarette avec une adresse mail écrite dessus que je n'ai jamais fumé...
Une collection de mot doux jaune pisseux en plus de ma collection d'Anges, de bouteilles de bières et de paquets de cigarettes...

Quelle injustice injuste de se trouver moche, digne d'aucune attention, de penser n'avoir aucun charme, de croire que personne ne nous aime quand on a des petits mots doux jaune pisseux et une rose dans une bouteille de Despé !

Quelle injustice injuste !