dimanche 13 septembre 2009

Statut : Célib à terre !

Plantage du décor
Dimanche midi…
Tu rêves de faire un brunch avec tes copines, tu rêves de disserter sur le mec que tu as levé hier soir, rire à gorges déployées et croire pendant quelques heures que tu vis à New York, que ta meilleure amie s’appelle Carrie (il paraît que tu as tout de Miranda toi-même), que tu as suffisamment de thunes dans ton portefeuille pour pouvoir avoir milles activités et ne jamais jamais t’ennuyer !

Dimanche midi…
Tu fumes ta clope devant ton clavier, ta bande son c’est ta chienne (parce que tu as un animal de compagnie et le comble c’est que c’est une femelle (à croire que tout homme est banni chez toi)) qui chouine parce que tu lui as refilé tes angoisses et qu’elle-même ne sait même pas pourquoi elle est stressée sauf à te regarder stresser toi-même.

Alors tu te dis qu’il est temps, grand temps, largement temps de mettre un terme aux clichés sur le célibat…
Non, non gentils petits couples d’amis, le célibat n’est pas ce qu’on veut bien vous faire croire à la télé, au ciné ou même dans nos propos de célibataires…
On le voit bien votre petit sourire scabreux quand vous nous demandez « Alors, t’as un nouveau plan ? ». On voit bien que ça vous fait fantasmer deux minutes cette idée qu’être célibataire ça veut dire profiter, ne pas avoir de contrainte, être libre de faire ce qu’on veut sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit, libre de foutre des capotes à longueur de journée, libre d’embrasser des bouches différentes toutes les heures, libre d’aller danser, libre d’aller et venir…
Et à chaque fois, à chaque fois, ne pas vous décevoir… Vous illusionner ! « Mais oui ! Plein de plans, j’ai plein de plans, des tas d’histoires croustillantes rien que pour vous mes chers petits couples d’amis »… Un mec différent à vous détailler à chaque dîner…
Mais au risque de voir sur vos visages une grimace, je dois vous l’avouer maintenant, en ce dimanche midi, un dimanche midi de trop à fumer et à boire l’apéro toute seule… Non mes amis, non mes petits couples chéris, je n’ai pas de plan particulier, non le célibat n’est pas ce que tu rêves de vivre quand ta nana te gueule dessus ou quand ton mec te fait pleurer une fois de plus…
La trentaine approchant, les séries télé te rassurant, tant que les copines sont là, tant que tu es accomplie, tant que tu as une carrière…
Tu parles !
Les filles qui n’ont pas choisi de vivre une carrière, elles sont mariées… Celles qui ont mis leur carrière en avant ont la permission d’être seule et de vivre à leur guise…
Mais les autres, celles dont on ne parle pas ? Celles qui n’ont pas de carrière et pas de mecs non plus !
Pas de carrière, pas de thunes, pas de mecs… Vais-je devoir continuer à vous faire rire en vous expliquant à quel point c’est jouissif ?

Mettre un terme à tous ces clichés…

Dans l’imaginaire commun, une fille célibataire, un samedi soir, ça appelle ses copines, ça sort, ça drague, ça rentre chez elle avec des tas de numéro, ça rigole et ça pense déjà au débriefing du brunch du lendemain…
Dans la réalité du quotidien, une fille célibataire un samedi soir… ça a déjà prévu son week-end depuis le week-end dernier pour la simple raison que toutes ses copines sont maquées…
Tu rêves de passer tes soirées à voir tes copines, bouffer des pizzas et regarder des mélos sauf que tes copines vivent en couple, que t’as pas de thune pour acheter des pizzas et qu’à choisir tu préfères acheter des clopes… alors finalement le mélo tu le mates seule chez toi…

Une fille célibataire, c’est bourré d’angoisses, non sa vie c’est pas baise, drague, alcool, rire… Non, elle joue la comédie, elle se prend la tête, elle meuble son agenda, elle se demande parfois à une heure du mat avec qui elle va pouvoir partir en vacances, elle occupe le temps et son seul sujet de conversation c’est … le couple, les mecs, le couple, les mecs… SE CASER ! ! !
Elle veut juste être aimée, être aimé correctement, même pas par le prince charmant, ça fait un bail qu’elle y a renoncé, mais par un mec qui ne serait pas un minable…
Elle ne baise pas à droite, à gauche parce que même si elle dit qu’elle est libérée, même si elle dit que son corps lui appartient, même si elle joue la détachée, le sexe ça lui ouvre le cœur… Elle a essayé de se prouver à elle-même qu’elle pouvait se conduire comme un bonhomme sauf qu’après s’être envoyée en l’air avec ce mec, elle se sent conne de le regarder partir en se disant qu’elle ne le verra jamais plus, qu’il n’appellera pas demain pour savoir comment elle va, qu’il ne l’embrassera pas sur le front pour lui souhaiter une bonne journée… Elle se sent conne, elle se sent pathétique parce qu’en fait tout ce qu’elle veut c’est qu’il la serre contre elle, qu’il la berce, qu’il la baise et qu’il l’embrasse en partant et qu’il rappelle le lendemain pour lui demander si elle est libre le soir d’après…

Dimanche midi, un constat puant de se dire que la fille seule elle veut juste vous ressembler mes charmants petits couples d’amis. Bien sur, elle se dit qu’elle sera mieux que vous (plus drôles, plus complices, plus beaux…) mais elle veut juste pouvoir un jour regarder quelqu’un comme vous vous regardez, entendre un homme rire avec elle comme son pote rit avec sa nana…
Mais le pire dans tout ça, c’est qu’à force de célibat, quand enfin elle rencontre un mec (les rencontres… encore un sujet qu’il va falloir traiter !), alors cette fille elle a peur … tellement peur… peur d’être seule à nouveau, peur de ne plus savoir faire, peur de se dévoiler et de se prendre le mur, peur de ne pas être aussi heureuse… et à force d’avoir peur… elle se prend le mur tant redouté ! Au final, elle passe sa vie à avoir peur, peur de quelque chose qui n’existe même pas encore, peur de souffrir, peur d’être heureuse, peur de se planter, peur d’avoir peur… « Et si je tombe amoureuse, et s’il part »… Elle se rappelle comme ça fait mal… Elle se demande si ce n’est pas plus mal de rester comme elle est, des angoisses de fille seule c’est peut-être toujours plus tranquille que des angoisses de fille en couple…
Mais voilà ! Y a toujours un moment où tu te dis que putain ça serait quand même sympa de t’endormir dans les bras de quelqu’un, de te réveiller contre sa peau brûlante, de recevoir un message dans ta journée pourrie de boulot qui te dit « Tu me manques, j’ai hâte de te voir ce soir », et puis cette envie qui te gagne un beau jour : vouloir faire des enfants…
Et rien que pour de tels instants de vie, t’es prête à envoyer valser ton indépendance, tes habitudes, prête à t’épiler tout le temps, prête à ne plus porter que des robes, prête à lui faire des gratins de pâtes, prête à renoncer à ton vibro (celui à qui tu as donné un prénom pour essayer de l’humaniser un peu)…

Dimanche midi… Un ami vient d’appeler… Parce qu’étrangement, tu commences à avoir plus d’amis célibataires que de copines célibataires ! La flemme de manger seul quand tu vis seul…
Dimanche midi, tu finis ton apéro seule, tu écrases ta clope, tu fermes ton appart à clé et tu vas aller manger avec cet ami… Du jeu de la séduction bon enfant…

A terre les célibataires… Mais parfois, parfois, Dieu comme c’est bon de pouvoir se dire « Hé, j’ai encore la possibilité d’être spontanée !! »
Je m’en vais sans savoir ce qu’il adviendra de moi dans l’après-midi…
Parce qu’être une célib à terre ça veut aussi dire que tout est possible, et que tout est réalisable… C’est le jeu de la vie !

5 commentaires:

Unknown a dit…

finalement c'est pas facile d'être une femme libérée et célibataire, je préfère être un mec moi

Unknown a dit…

J'aime beaucoup le style de ce post.

Unknown a dit…

Très joli texte avec beaucoup de style. Mais un rien déprimant tout de même.

S. a dit…

joli, et ça fleure bon l'authenticité. Je crois même qu'il y en a encore beaucoup à dire, sans doute même plus incisivement.

C'est tout de même étrange de voir que le décalage entre les attentes des couples et la réalité des célibataires n'a pas de genre. Car on a beau dire, vous les filles n'êtes pas les seules concernées.

Bien sûr, ces séries qui rassurent stygmatisent LA célibattante, mais que croyez-vous que nous vivions, nous, mâles esseulés?

N'avons-nous pas nos propres clichés à éventer? Je ne parle peut-être que pour moi, mais je ne trouve rien d'épanouissant à passer mes soirées à mater le foot, la main dans le futal et la bière à la lèvre (Al Bundy represents'). Bon, il faut avouer que je n'aime ni le foot, ni l'alcool, mais même!

Quant aux sorties et "levées", rien de bien différent. LA plupart d'entre nous s'attache aussi, et ces peurs nous les avons également. Peur de ne pas être à la hauteur, de déçevoir, de n'être pas le galant prince... Si bien que certains abandonnent avant d'avoir commencé, et se comportent en crapauds fini pour n'avoir pas à s'avouer leur propre impotence face au si simple défi d'être soi-même et d'aimer doucement.

Alors on finit par ne plus vouloir (oser) sortir, rencontrer, par préférer rêver le chemin, qu'arpenter le chemin. Quitte à ne jamais arriver au bout.

Tout ça pour dire quoi? Que peut-être cette angoisse de trouver le ou la bonne n'a pas lieu d'être, pour peu que l'on accepte l'idée que la solitude n'a pas de sexe (alors que bon, soyons francs, certains couples non plus n'en n'ont pas des masses, de sexe :p).

Veher a dit…

Et dire qu'à un moment donné je pensais que la "scabrosité" de votre vie était une constante :)
J'adore le Celibat à terre ! Très con mais j'y avais jamais pensé :)
@plous, Jew :)