dimanche 20 décembre 2009

Victime d'un Arc en ciel...


Mon métier m'en fait voir de toutes les couleurs...
Du rouge sang, du bleu hématome, du vert ecchymose, de l'orange bétadine, du noir mascara coulant, du blanc fracture ouverte...

Hommage à ce métier avec un petit texte pondu en début de carrière...
Hommage à ce métier que je vais retrouver demain pour en prendre plein les mirettes... Et les oreilles aussi quand même...



Claquement des talons quand j’arpente ce long couloir…
Claquement des talons quand je dis bonjour aux personnes âgées qui vivent dans ce repère de vieux, de fauteuils roulants, de tuberculeux, et de victimes…
Drôle d’endroit faut avouer…
De la médecine légale dans une maison de retraite…
Des petits vieux à qui on impose comme dernière image de la vie ces hématomes et ces larmes
Des personnes en larmes à qui on impose comme espoir des petits vieux en fauteuil roulant, crachant leur poumon
Claquement de mes talons dans ce couloir…
Et la porte de mon bureau que je vais fermer…

Elle a 21 ans.
Elle a changé de trottoir car elle a repéré au loin des mecs louches. Ils n’ont pas aimé qu’elle change de trottoir.
Ils l’ont agressé. Ils sont 3.
Ils la poussent dans l’escalier qui mène à un souterrain. Y en a un qui fait le guet.
Ils la violent. Sans préservatifs.
Elle a 21 ans.
Elle est étudiante et travaille à mi-temps.
Elle vit en couple.
Elle a 21 ans.
Elle s’arrache la peau autour des ongles.
Elle a 21 ans.
Ils la violent.
Elle parle peu.
Elle baisse la tête.
Elle tripote sa bague qu’elle retire et remet, retire et remet.
Elle s’arrache la peau autour des ongles.
Elle ne pleure pas.
Elle a une voix sourde.
Elle se fait petite.
Elle est prostrée.
Elle n’a pas de maquillage.
Elle se replie.
Elle lève les yeux sur moi et les ramène sur ses ongles.
Elle a 21 ans, elle a été violée, ils étaient trois.
Elle s’arrache la peau autour des ongles.

Certains s’assoient en face de moi, d’autres un peu en décalé.
Certains mettent les coudes sur le bureau et d’autres ont les mains sur leurs genoux.
Y a ceux qui restent près de la porte et ceux qui se collent contre le mur.
Ceux qui retirent leur manteau et ceux qui se blottissent dedans.
Ceux qui m’appellent Madame pour bien accentuer leurs dires :
"JE VOUS JURE MADAME"
"VOUS SAVEZ MADAME"
Et ceux qui me sourient tristement.

Y en a même certains qui me plaignent, qui me souhaitent du courage de faire un tel métier, d’entendre autant d’horreur alors qu’eux-mêmes sont couverts d’hématomes.

Certains viennent me dire voilà je suis venu, je laisse une trace
D’autres tentent de voir ce que j’écris en face d’eux quand ils me parlent.
La jeune fille violée en entrant, elle a vu sur mon papier A4 blanc « VIOL PAR INCONNUS » et elle a souri tristement en s’asseyant juste en face de moi. Je m’en suis voulu. Mais j’ai continué à noter.
Certains essaient de lire en levant la tête discrètement pour voir de loin, certains sont stupéfaits que je connaisse leur nom alors qu’il est écrit sur le certificat, et d’autres me sourient quand j’appelle leur enfant par leur prénom.

C’est toujours la femme qui parle, toujours.
L’homme n’est jamais assis en face de moi, il est en décalé, ou parfois il ne rentre pas, comme absent…
Parfois il parle mais alors il ne parle qu’avocats, assurances… Pas de souffrance, pas de ressenti…

Certains sont doux, gentils et d’autres me dévoilent une mauvaise facette, virulente, agressive, raciste :
"LA JUSTICE CETTE CHIENNE"
"VOUS SAVEZ CES JEUNES LA… PAS DES HUMAINS ! DE LA VRAIE RACAILLE !"
Je les regarde, je les regarde, je les dissèque, je ne les quitte pas du regard même quand je prends des notes… je note sans voir ce que je note… toute une technique…
J’acquiesce, leur dit d’écrire au Procureur de la République, de se plaindre, leur donne des adresses et même des lettres types, gueulez, clamez, libérez-vous !
Je m’insurge avec eux, je les écoute, je leur souris, et leur tends même des mouchoirs.
"LA POLICE… PFFF… ON A PLUS PEUR D’EUX QUE DES JEUNES DE LA CITE"
Je ne peux empêcher un sourire amer… Pas le droit de les critiquer les officiers, les brigadiers… mais merde…

Ils s’excusent quand ils disent des gros mots
Ils s’excusent quand ils pleurent
Certains visages me restent et d’autres disparaissent.
Certaines histoires me troublent et d’autres ne me reviendront jamais.

J’ai parfois eu envie de pleurer, j’avais mal pour cette personne.
Mais je tiens droite, je suis une professionnelle du Droit moi, alors je parle de Droit…
Je suis curieuse, c’est une nature mais pas envie de me bousiller l’envie de vivre, je demande le moins de détail possible pour les soulager, pour me soulager…

J’ai eu envie de rire parfois, j’avais mal pour cette personne…
Cet homme qui a épousé une cubaine au sang chaud qui le mord quand il parle trop longtemps avec une autre femme…

Ils aiment bien regarder ce que je fais, y a ceux qui regardent tout et qui arrive à dénicher une petite voiture miniature pour enfant dans le pot à stylo
Et y a ceux qui regardent la porte tendant à s’en aller, fuir, fuir…
"C’EST BON, C’EST FINI, JE PEUX PARTIR ?"

Un coup de pioche en guise de café du matin
En plein pendant mon sandwich, une gamine touchée par son grand-père
Pour le café d’après manger, la femme sodomisée
En guise de digestion, des voisins qui se fracassent
Après une clope, une tentative de viol sur une personne âgée
Des piétons renversés qu’ont vu le paradis avant de retomber sur le pare-brise
Et en fin de journée, un beau jeune homme qui me donne envie de rougir
Et des femmes battues, des femmes battues, des femmes battues…

Des enfants…
Qui refusent de parler
Des adolescentes…
Qui versent des larmes discrètes
Ceux qui veulent que ça aboutisse à tout prix
Ceux qui ne veulent pas entendre parler de procès
Et ceux qui veulent savoir combien d’argent ils vont pouvoir demander

Des jeunes rackettés, des parents dépassés, et des représailles qui pointent leur nez cassé…
Y a celui dont le sphincter a lâché en pleine rue de Paris pendant une bagarre et qui s’est chié dessus
Une mère dont le fils de 35 ans, alcoolique, lui taxe de l’argent, la bat, lui crache dessus et cherche à la tuer
Ceux qui sont gênés mais qui avouent que bon il l’avait un peu cherché

Y a les accents des personnes, et mes tentatives pour voir de quel pays ils sont originaires…
Y a cette femme battue à l’accent brésilien si charmant
Ceux qui rougissent quand je demande s’ils sont mariés et ceux qui tentent de me draguer, genre c’est l’endroit, genre c’est le moment…
Lui : "J’ESPERE A BIENTOT"
Moi : "JE NE VOUS LE SOUHAITE PAS"

Y a ces constats qui me tombent dessus en pleine journée, en plein mots croisés : Je ne savais pas qu’y avait autant d’alcoolos quand même !

Y a ceux qui pensent que je suis psy et viennent me dire
"JE VAIS BIEN MERCI"

Et ces viols qui me mettent toujours mal
Ces viols que je redoute plus que tout, plus que tout
Ces viols où je me sens toujours conne
Inutile
Franchement inutile

Y a du vol à l’arraché, beaucoup, et le réflexe de ne pas lâcher le sac qui fait qu’on est traîné sur plusieurs mètres et qu’on fait peur à voir après…
Mais y en a toujours moins que de la violence conjugale

Ya MSN qui n’est pas de bons conseils et qui provoquent de mauvaises rencontres

Des hommes infidèles, des femmes qui deviennent hystériques, des braquages à main armée, des personnes perdues en procédure, noyées dedans et cet homme qui pleure devant moi en me demandant "VOUS AVEZ DES ENFANTS MADAME ? ON EST CAPABLE DE TOUT POUR SON ENFANT…" il s’essuiera les yeux en tournant le visage pour que son fils qui joue avec son camion miniature sur mon bureau ne le voit pas pleurer

Et puis ce viol qui va me rester dans le bide un moment encore…
Jusqu’au prochain…

jeudi 10 décembre 2009

Du rififi à la zonzon...


Le sentiment d'humiliation, les petites hontes de la vie quotidienne, celles qui vous font rougir de bon matin, ou courber l'échine à la lumière déclinante...

Quelques années en arrière, je me revois faire des combats d'histoires les plus honteuses avec mes amies... A blaguer de ces moments de gêne qu'on aimerait plutôt oublier à jamais...

Pour ma part, j'ai toujours eu le sentiment qu'il fallait exorciser pour dépasser, rire pour pouvoir mieux le vivre...

Ne pas chercher à oublier, cela n'arrivera pas... Alors pourquoi ne pas transformer ces moments où l'on plisse fort les yeux, où le visage rentre dans le cou et où nos pas ne résonnent plus, collés comme nous sommes au mur!

Je me rappelle les histoires de mes amies, ces histoires de honte féminine (ragnagna dans un pantalon blanc ou l'incontournable jupe coincée dans le collant au sortir des toilettes), ces histoires de gêne diffuse, ces instants appelés si justement les Grands Moments de Solitude...
Avec pour défi justement de partager cette solitude, de se rappeler toutes ces fois où l'on s'est senti en dehors de son corps devant les regards hilares des autres, se rappeler la douleur et ... rire très fort à son tour!

Se rendre compte aux rires des amies que notre honte est la gagnante du concours, se valoriser d'avoir vécu une chose aussi gênante! Juste de quoi transformer la douleur en premier prix, oscarisée, césarisée, la palme du "tapage d'affiche"...

Ces Grands Moments de Solitude sont une sorte de rendez-vous quotidien dans ma vie... Et il est temps pour moi de les partager au fur et à mesure des reviviscences.

Par quel moment introduire mon propos ? Quel sentiment de gêne choisir parmi le panel disponible de mes souvenirs...

Tiens ! Pourquoi pas ce jour là... Ni trop proche, ni trop lointain... Assez loin pour en rire, assez proche pour revivre les détails...

Ce jour là est représentatif par excellence du sentiment de solitude alors même que vous êtes entourés de beaucoup de personnes, du sentiment de ne plus être dans son corps, de voir la scène de haut et de ne plus oser faire un geste de peur que les rires reprennent de plus belle...

Plantage du décor : Col roulé, pantalon noir, talons, je marche dans l'allée qui me conduit à la prison pour faire une intervention devant des détenus -d'où le col roulé en fait-

Je rejoins ma collègue devant le portique de sécurité.
(Sont pas très souriants les gardiens de la Zonzon.)
Elle passe.
Je passe.
Je sonne.
Je m'y étais déjà préparée, je sonne toujours et sans raison dans ces maudites machines... Sauf qu'en principe, je sonne une fois, deux fois et je passe avec un sourire triomphant...

Aujourd'hui, je vais sonner une quarantaine de fois... Suffisamment longtemps pour voir défiler tout l'effectif de la prison (heure du changement de garde ?), suffisamment longtemps pour voir s'engouffrer dans la pièce une vingtaine de matons ravis de voir une jeune femme faire mille aller-retour, les joues de plus en plus rouges et gonflées par la lassitude...

Ma collègue me regarde ahurie et chacun y va de son petit conseil et de son petit rire gras:
"En pas chassé, Mademoiselle", "Plus vite", "Moins vite alors", "Enlevez vos chaussures s'il vous plaît", "Recommencez en pas chassé mais plus sur votre droite", "Et si vous le tentiez en moonwalk ?"...

Le cœur battant plus fort que jamais, j'envoie à ma collègue ce regard de lapin affolé, les rires gras s'amplifiant, je quitte mon corps...
Je me vois pieds nus, en pas chassé, défiler dans ce portique de sécurité, au ralenti, en courant, sur la droite, sur la gauche, tirant la langue et soufflant fort...
Je vois la ribambelle de surveillants se gratter les cheveux, se gratter le nez, se gratter la barbe, les pouces sur la ceinture, la main contre la matraque, et ça sonne et ça sonne en harmonie avec les éclats de voix et de rire...
J'ai perdu mon semblant de prestance, je ne ris plus du tout, je n'ai plus d'humour pour l'heure.. (Ils rigolent bien les gardiens de la Zonzon maintenant.)

Moment de flou... Le portique n'a pas sonné depuis 4 secondes. Je réintègre mon corps aussi vite que mes chaussures. Les gardiens sortent, ma collègue m'attrape le bras et je ne sais plus trop pour quelle raison je viens de m'humilier en public... On me paye pour ça ?

Ils nous ont baladé dans l'enceinte de la prison -comme si ça faisait pas suffisamment peur comme ça-, ils nous ont envoyé au mauvais endroit, ils n'ont pas su vers qui nous diriger...
(Sont coquins les gardiens de la Zonzon.)

Une porte se referme sur nous, des barreaux et une grille nous empêchent d'avancer. On nous indique derrière une vitre de retourner sur nos pas. Sauf que la gardienne de l'autre côté de la grosse porte ne nous voit pas.
Je tape sur la porte... Silence... Je tape plus fort, fais quelques signes à la caméra. Ma collègue s'impatiente et a déjà envie de fuir
(Ça fait toujours cet effet là, la Zonzon ?)
Je tape de plus en plus fort en faisant de grands gestes pour qu'elle me voie derrière son espèce de sas...

Ma collègue : "Bon écoute, on va les appeler".
Nouveau Grand Moment de Solitude quand on réalisera qu'on a laissé nos téléphones à l'entrée (C'est sécurisée une Zonzon)
Aucun moyen de communication, coincées derrière une grille dans une prison, je sens la rougeur regagner mes joues et mon esprit décolle encore du sol...

Plus tard, en détention, mauvaise couleur de badge, on me renvoie à l'accueil, là où le portique de sécurité me fait des clins d'œil.

Je sens qu'autant d'humiliation devra bien se payer à un moment ou à un autre...

J'essaie de garder la tête droite devant les surveillants de l'accueil qui me regardent en riant dès que j'approche ce maudit détecteur de métal.
(Commencent à me chauffer les matons de la Zonzon)

Après avoir cru que nous finirons assassiner par les 13 détenus assis autour de nous :
"C'est quoi tout ce ramdam ?" Dixit ma collègue.
"C'est quoi ça? Pourquoi vous parlez du ramadan !?"
Tempérons, tempérons... Rattrape ta conscience qui décolle de la terre ferme... Mais non, tu n'es pas seule au monde !
Les choses prirent finalement une toute autre tournure et j'assistai alors à un moment rare et délicieux : Quand la honte devient contagieuse et que notre Grand Moment de Solitude se propage à un autre individu..

Phrase choc d'un prisonnier tentant de se dépatouiller avec son dossier:
Passant devant le juge qui lui dit "Monsieur, votre sursis est une véritable Épée de Damoclès qui ne demande qu'à vous tomber sur la tête", l'individu a levé la tête vers le plafond du tribunal, sérieux et crédule, à la recherche (à droite, à gauche, derrière les moulures) de ce qu'il allait lui tomber dessus, prêt à se couvrir le haut du crâne de ses mains pour se protéger de l'objet fantôme...

Et si ça ne lui suffisait pas pour se sentir bien seul, pour sa défense, il ne trouvera que ces mots : "Je me disputais avec ma compagne, on se disputait quoi, bon elle a voulu appeler les pompiers, et elle s'est trompée,elle a fait le 17..." Aucune compassion dans les rires des co-détenus... Incarcéré pour une erreur de numéro...

Ce Grand Moment de Solitude a minimisé le mien puissance mille...

J'ai souri d'un air repu et j'ai trouvé que la honte était si douce quand elle concernait les autres. J'ai ri comme les matons ont ri de moi. J'ai ri d'être une perfide humaine...
Je me suis moquée et je me moque des hontes quotidiennes qui m'attendent encore...

Tous les jours, un Grand Moment de Solitude m'attend, que ce soit derrière un trottoir, ou une plaque d'égoût, devant un joli garçon ou un ex qu'on croise au pire moment, une phrase qu'on aurait dû ravaler, une qu'on aurait dû dire au bon moment...

Tous les jours...

De quoi préparer le Concours International du Grand Moment de Solitude...

Et ce jour là, le gagnant c'était le mec à l'Epée de Damoclès !
(Mais je tiens tout de même officiellement à remercier les matons de la Zonzon pour leur participation à mon Grand Moment de Solitude du mois...)


jeudi 3 décembre 2009

Partenaire particulière cherche procréateur particulier...


Moi j'dis
Quand j'aurai des enfants, je les emmènerai voir tous les feux d'artifice de la région. On sillonnera les routes pour en prendre plein les mirettes, hurler des "wahoo !" et voir des sourires béats et stupides sur les visages de chacun.

Moi j'dis
Quand j'aurai des enfants, on fera des tas de pic-nic, avec ou sans nappe, avec ou sans nourriture, juste pour le plaisir de s'assoir dans l'herbe, de courir derrière un ballon, de nourrir les canards et surtout les canetons, de chercher des trèfles à quatre feuilles, de compter les pétales des paquerettes et de prendre quelques rayons de soleil.

Moi j'dis
Quand j'aurai des enfants, on ne loupera jamais une nuit d'étoiles filantes.... Allongés dans le froid, dans des couvertures, sur des transats, avec de gros oreillers pour se prémunir du mal de nuque, on serrera fort les mains, on fermera fort les yeux pour faire un voeu avec toute la ferveur de nos croyances...

Moi j'dis
Quand j'aurai des enfants, je les emmènerai patiner sur les lacs gelés, faire des glissades quitte à se cogner le crâne sur la glace bien dure. Puis s'étirer sur la neige et faire l'ange qui bat des ailes.

Moi j'dis
Quand j'aurai des enfants, on écoutera du disco à fond les ballons et on dansera sur du parquet avec des grosses chaussettes à la Flash Dance. A tournoyer, à battre la mesure avec nos cheveux et à imiter tous les instruments avec nos mains, nos bras, nos bouches.

Moi j'dis
Quand j'aurai des enfants, on fera la tournée des maisons illuminées à Noël et on décernera des prix pour les plus beaux rennes et les plus belles guirlandes à coups de batailles de boules de neige.

Moi j'dis
Quand j'aurai des enfants, je leur montrerai de jolies images, on lira des tas de romans, de BD et on se racontera des histoires de pleine lune et de lune rousse au coin du feu.

Moi j'dis
Quand j'aurai des enfants, on ira tout le temps voir la mer et prendre des embruns plein les cheveux, sous la pluie, au soleil, le vent dans le visage qui creuse le ventre, le goût des crêpes et le café (ok, le chocolat pour eux) viennois qui réconforte les mains froides.

Moi j'dis
Quand j'aurai des enfants, je leur sécherai les cheveux à tour de bras.

Moi j'dis
Quand j'aurai des enfants, on mettra de la peinture dans nos poches et on en jettera sur les murs de la ville.

Moi j'dis
Quand j'aurai des enfants, on apprendra ensemble à faire de la musique. D'ici là, peut-être que la guitare n'aura plus de secret pour moi.

Moi j'dis
Quand j'aurai des enfants, on ira discuter avec la boulangère, la factrice, la petite dame qui reste derrière sa fenêtre et même avec les chiens des voisins.

Moi j'dis
Quand j'aurai des enfants, je les emmènerai à la ferme voir naitre les agneaux et on les regardera jouer à saute-mouton sur le dos de leurs mères.

Moi j'dis
Quand j'aurai des enfants, je leur donnerai plein de petits noms stupides qui les feront rougir à l'adolescence.

Moi j'dis
Quand j'aurai des enfants, je ferai des milliards de photos à la seconde, des milliards de films à la seconde et j'achèterai des boites pour y compiler tous les souvenirs de leur enfance qu'ils chériront à 20 ans.

Moi j'dis
Quand j'aurai des enfants, je leur dirai que je les aime tout en caressant leur dos, leurs cheveux, leurs bras, le nez dans leur cou.

Moi j'dis
Que j'ai plus qu'à trouver une cheminée, un transat, une nappe, un deuxième sèche-cheveux, un budget pour la mer, une ferme à proximité, une boulangère sympa, du parquet, des CD de disco, un ballon, un grand lac, de gros oreillers et que je me perfectionne à la guitare...

Ah et puis une bonne dose de nageurs winners ou l'adresse d'un orphelinat...


mardi 24 novembre 2009

De l'oeuf au couvercle, de la poule au pot...


On se raccroche à ce qu'on peut...

Quand on se sent blessé, vide, un brin désemparé, un brin désespéré.
Quand on finit par mettre un terme à une relation qui nous tenait à cœur (ou serait-ce l'autre qui y a mis un terme ?) le jour décreté national comme jour de la gentillesse (un peu un comble quand même surtout quand on pense que c'était un vendredi 13 en prime)...
On se raccroche à ce qu'on peut...
Aux vieilles émotions, aux légendes d'un ancien temps, aux promesses des gourous, aux dictons des grands mères, aux conseils avisés des usés de l'existence, aux romans chéris, à l'idée que la vie ne peut pas nous décevoir à tous les coups, qu'elle nous réserve forcément de grands moments.

On se raccroche vraiment à ce qu'on peut...

Par exemple, combien d'entre vous se rassurent ou rassurent les autres avec ce simple proverbe : "Chaque pot a son couvercle" ?
Moi je veux bien, mais à tous les coups quand j'entends cet adage, je ne ressens aucun soulagement. Bien au contraire, un tsunami de questions ravage mes cellules grises.
La principale étant : "Ok les gars, mais moi, je suis un pot ou un couvercle ?"
Partant de là, je dois trouver quoi ? Un couvercle ou un pot ?
Est-ce que je suis destinée à être remplie par quelque chose ou à couvrir quelque chose ? Doit-on combler un trou béant en moi ou me garder au chaud ?
Est-ce qu'il va falloir faire toutes les brocantes, toutes les quincailleries, toutes les enseignes de bricolage pour trouver ce pot ou ce couvercle ? C'est un peu peine perdue si je ne sais même pas si je cherche un pot ou un couvercle...

Et puis, après je me rappelle qu'il faut encore trouver la bonne personne au bon moment.
Et que ça relève presque du miracle..
Et si tu étais tombé sur la bonne personne mais que ce n'était pas le bon moment ?
Est-ce que tu le réalises un jour, ou la vie t'épargne-t-elle cette horrible prise de conscience ? Est-ce qu'à un moment de ta vie, tu te dis "DAMNED ! J'avais trouvé mon pot, j'avais trouvé mon couvercle, mais je n'étais pas encore un beau pot bien émaillé, j'étais un couvercle tout cabossé, tout maltraité par des années de mauvaise cuisine...

Alors épargnez-moi ce proverbe...
Même si vous ne savez pas quoi me dire, souriez-moi, soutenez mes épaules mais évitez ce genre de réflexions qui me tiendront éveillée toute une nuit...

J'ai trouvé une astuce quand j'ai besoin de me raccrocher à l'idée qu'un couvercle ou un pot attend sagement dans sa kitchenette que le pot ou le couvercle que je suis sorte de son propre placard...
Je regarde l'heure... Et invariablement, quand je ne sais plus où me tourner, je vois qu'il est 11h11, 15h15, 17h17, 22h22, 23h23 et parfois même, me réveillant en sursaut, je regarde l'heure et il est 03h03...
Alors je fais un voeu, j'ai une pensée pour les personnes que j'aimerai voir redébarquer dans ma vie... Je souris et je pense que tout n'est pas perdu...
Etrangement, quand je lâche l'espoir, quand je baisse un peu les bras, que je décide qu'il est temps de passer à autre chose, à d'autres bras, que l'autre ne redébarquera pas, qu'il n'était pas mon pot, qu'il n'était pas mon couvercle, que je n'étais pas prête à être son joli pot bien arrondi ou son couvercle rutilant en inox, alors vous pouvez être sure que regardant l'heure il est 01h02, 10h11, 22h23...

Je me raccroche à ce que je peux, mais je vois toujours en ça le signe qu'il est temps en effet de sourire tristement et de penser à d'autres voeux pour le prochain 22h22 que je verrai apparaître sur mon ordinateur, mon téléphone, ma pendule Marilyn Monroe, ou encore l'horloge de ma voiture...

On se raccroche à ce qu'on peut quand on espère toujours entendre un pas connu dans sa cage d'escalier...

Mais hé, il est 19h19...


mardi 10 novembre 2009

"A mesure que le temps passe, je mesure le temps qui passe..."

Des semaines à regarder le temps passer...

Avec l'allure du temps qui se méprend sur mon sourire, je réalise le fruit de ma folie : à chercher le premier rôle dans ma propre vie, je fais de la figuration...

Je souris niaisement derrière l'actrice principale espérant un coup d'œil du jeune premier gominé.
A vrai dire, ce film est déplorable, ma vie peinte par un autre, même pas capable d'écrire mon propre synopsis...
Devrais-je me donner le rôle principal dans le scénario de mon existence ? Ou me cantonner à ce statut d'observatrice ?

J'en arrive à craindre de faire partie de ces anonymes faisant la queue à la caisse de Dieu... Les uns pressés, les autres, yeux rivés sur les précédents craignant les sentences.
Parfois j'ai envie de hurler, "Posez moi hors du rang", peu m'importe, je veux être remarquée, que ce soit à une caisse moins de dix péchés, à une caisse personne handicapée de la vie... Qu'importe du moment qu'ils sont gênés par mon existence.

Je ne veux pas être l'une de ces anonymes...


Malheureusement, je me trimballe avec un sentiment misérable, une impression quasi constante d'être sur la bande d'arrêt d'urgence...
Les autres filent et moi j'attends toujours qu'on me chope au passage...
Résultat, je n'avance pas bien vite et quand je trouve une de ces cabines téléphoniques oranges, je suis bien trop reconnaissante à celui qui répond, à la limite de lui remettre ma vie... "Fais mon bonheur, fais mon malheur, mais fais moi avancer au moins sur un kilomètre"...
Mais toujours et inexorablement, je termine sur la bande d'arrêt d'urgence à regarder ceux qui se font flasher, ceux qui se font doubler mais toujours, toujours ceux qui avancent...
Moi, le pouce en l'air, j'ai même arrêté de marcher, j'ai renoncé à faire le chemin seule, j'attends que quelqu'un s'occupe de moi et veuille bien prendre en charge mes pieds blessés...
Ne dit-on pas qu'il faut trouver chaussure à son pied ? Que qui va pied nu s'écorche ou devient dur comme de la corne ?

J'aurai envie de me trouver une petite embarcation, me lancer sur l'autoroute mais j'ai peur des accidents, j'ai peur des virages et des animaux qui traversent, peur du gendarme et des appels de phare... Alors, je reste sur la bande d'arrêt d'urgence...
C'est un comble quand on pense que l'espérance de vie sur une bande d'arrêt d'urgence est de 15 à 20 minutes (encore une légende urbaine pour faire peur aux humains que nous sommes)...
Au final, je risque plus facilement ma vie à rester inerte là plutôt qu'à avancer dans le flux... Et puis j'ai froid... Balayée par les courants d'air...

Je regarde défiler les vies des autres, ils s'engueulent dans leur petite voiture, ils pleurent, ils rient, ils écoutent la musique très fort, ils font l'amour en équilibre sur le levier de vitesse, ils regardent droit devant eux, ils regardent dans le rétro... Mais ils avancent, ils sont acteurs, le pied sur l'accélérateur... Ils peuvent freiner, débrayer, relâcher le pied, ils peuvent... Ils sont maitres... Même si tout est illusoire, même si tout peut s'arrêter en une seconde... En attendant, la seconde d'avant ils étaient vivants et libres d'avancer, de freiner, de tourner...
Et de me prendre en stop...

Mais vivre sur une bande d'arrêt d'urgence et attendre qu'on vous prenne, ça veut dire ne rien décider, ne rien choisir, se faire choisir comme au cours de sport quand les capitaines d'équipe optent pour le plus sportif et vous laissent en dernier choix, être aussi jolie et bandante qu'une prostituée en attente d'un client salvateur... Aussi désespérée et démunie...
Mais, j'en ai marre de me taper les voitures des autres, les engueulades des autres, les musiques des autres, les histoires d'amour que je n'ai pas choisies.

J'ai envie de trouver ma propre voiture, même si ce n'est rien d'autre qu'un vieux tacot qui tousse, partir sur l'autoroute de ma vie, croiser des compatriotes, leur faire des bras d'honneur, leur envoyer des bisous coquins, écouter ma musique, choisir mon auto stoppeur, le balancer dans un virage, prendre la sortie de droite, aller voir la mer sur un coup de tête, gueuler sur le GPS, le rendre coupable des sorties de route et puis acheter des moufles pour ne plus avoir à sortir mon pouce...

jeudi 22 octobre 2009

Je passerai par tous les états...


Jacques Salomé a écrit : "Si je veux à tout prix rencontrer la femme de ma vie, il vaut mieux que j'entre déjà dans la vie".

Louis-José Houde a fait une constatation sérieuse : "Quand je jouis, je fais exactement la même face que quand je recule un char".

Pour ma part, j'accumule les constats idiots qui n'ont d'autre utilité que de faire fonctionner mes neurones et ceux de mes proches désemparés...

Je constate que les cordes de guitare sont sadiques et prennent un plaisir manifeste à vous écorcher le bout des doigts... Je pense jouer à présent avec des dés à couture...

Je pense que Michael Jackson avait tout compris en mettant des sparadraps sur ses doigts pour se préserver de ces vilaines cordes...

Je constate que Guitar Hero me donne l'impression fugace d'être la meilleure guitariste de ma génération.

Je constate que si tu es rousse et scorpionne, les rumeurs infondées sur ton compte deviendront des certitudes pour quiconque te fréquente (et tu ne sauras jamais pourquoi).

Je constate que je préfère souvent rêver le chemin plutôt que de l'arpenter.

Je constate que j'ai des attentes paradoxales et... contradictoires et... indéfinies et vice et versa...

Je constate que je suis incapable d'attendre qu'on me désire.

Je constate que je suis toujours à la recherche de maman fourrure.

Je constate que je n'ai toujours pas accepté de m'ennuyer.

Je constate que je suis incapable de lâcher l'affaire, qu'il faut toujours que j'aille au bout de chaque chose. Même d'un film ennuyeux, même lorsque je sens que je pourrai m'ouvrir les veines instantanément à rester devant cette pellicule vidéo... Au point de demeurer assise dans le ciné, à compter les battements de mon coeur plutôt que de courir prendre l'air et la fumée... Alors imaginez pour un boulot ou un mec !

Je constate que traiter quelqu'un de blaireau c'est un compliment en réalité... Le blaireau est le seul animal qui ne lâche jamais prise.

Je constate que quand on me demande "Comment ça se passe pour toi ?", je réponds "Ca se passe de commentaires".

Je constate que je suis incapable de faire une chose à la fois... Les yeux devant la télé allumée, à boire un thé, à fumer une cigarette, à faire des mots croisés, à mettre du mascara, à lire mon dernier chapitre, à écrire une idée sur un calepin, à me triturer les ongles, à battre les pieds en mesure, à envoyer un message, à parler à voix haute... Et sans perdre une miette de chaque activité...

Je constate que l'homme dit souvent "Je lui ai fait l'amour" ou encore "Je veux te faire l'amour" (restons polis) alors que la femme dit "On a fait l'amour" ou encore "Je veux faire l'amour avec toi".

Je constate qu'il m'arrive toujours des choses dignes d'un scénario de série B. Les choses les plus improbables de la vie sont dans la mienne...

Je constate que dans une bande d'amis, les derniers célibataires sont toujours des êtres étranges, bizarres, à la limite de Gollum... Je constate que je suis la dernière célibataire de ma bande d'amis...

Je constate qu'il y a 10 ans maintenant que j'ai perdu ma virginité et que j'ai eu mon bac... Depuis, je passe toujours devant ce lycée et j'ai toujours une photo de ce garçon dans une boîte dans ma chambre d'ado...

Je constate que je suis au travail, et que dans le bureau d'à coté il y a ma collègue que j'aime beaucoup. Au lieu de discuter dans le bureau de l'une ou de l'autre, on s'écrit des conneries sur le tchat de Face de bouc.

Je constate que Gérard Jugnot m'émeut. Il suffit que je le vois, accoudé à sa voiture dans le film Tandem, sourire à Jean Rochefort pour que j'éclate en sanglots... C'est con quand même pour un comique...

Je constate que je n'arrive toujours pas à supporter d'être avec des personnes qui laissent leur téléphone sur la table du restaurant ou du bar (Merde ! Ma conversation est si ennuyeuse ?)

Je constate que je ne sais toujours pas qui a les plus grosses maracas...

Je constate que je lis de la philosophie, des bouquins de psycho, des tas de grands classiques de littérature mais que je prends toujours mon pied à lire Voici le midi.

Je constate que parfois je n'aimerai vivre que des débuts...

Je constate que je pourrai écrire et écrire sans jamais m'arrêter de faire des constats.

Je constate, que ce soit au bord du gouffre ou le sourire sur le visage, que j'ai des amis incroyables...

Je constate que je vais finir ce post sur de bons sentiments.

Je constate que parfois je ne me ressemble pas... (?!)

jeudi 15 octobre 2009

I Feel Pretty... Oh So Pretty...


Agglutinés dans le métro, collés les uns aux autres, nos jolis nez retroussés contre vos jolies chemises tachées de sueur, de café et de vieux parfums nicotinés...

Respiration difficile, conversation hasardeuse, les mains qui cherchent un appui incertain, les dos contre les ventres et les genoux qui cherchent à s'implanter dans le sol comme des roseaux souples et solides... Les visages fermés, hagards, les yeux bas, les yeux hauts, les yeux dans le flou, les yeux dans les vitres... Surtout ne pas se croiser des yeux, alors même que nos doigts se croisent sur les barres métalliques, surtout faire semblant de ne pas sentir vos pieds qui nous écrasent, surtout faire semblant de ne pas sentir les coups de rein un peu gênants du monsieur derrière nous..

Trouver sa place, se coller à la vitre qui se referme sur nos sacs rembourrés, chercher à tout prix un moyen d'occuper le temps.

Mettre de la musique dans ses oreilles, se sentir en confiance, comme à la maison, avec son rythme en cadence des rails... Se sentir chez soi entouré de mille et un visages en souffrance... Chacun à se recréer un petit monde bien à soi, un livre, des mots croisés, un portable à la main, de la musique, un journal, un portable encore... Les yeux fermés, chercher sa couette et compter les moutons dans les souvenirs brumeux d'une fin de journée...

Métro, RER, TER, Tram, Bus...
Même combat...

S'endormir sur l'épaule du voisin, ronfler, baver, mouvement brutal de la tête qui se sent elle-même tomber... Secouer par son compagnon de voyage d'une heure, "On est arrivé à Montparnasse!" ou était-ce "Réveille toi grosse connasse!" ?!

S'occuper par tous les moyens pour oublier que pendant une heure ces inconnus vont graver leurs visages dans nos cerveaux lassés.

Écouter les voisins comme des messes basses en chambrées, regarder les jeunes rire fort, entendre des sonneries, regarder les paysages nocturnes qui n'offrent comme seul intérêt que de pouvoir scruter les gens sans se faire voir...

Je souris dans les transports... Je souris aux gens, je les observe, je les croque en mots, je leur imagine une vie, du mouvement, je cherche parfois aussi à les oublier comme tout à chacun, je les regarde à en pleurer de solitude aussi...

Et puis, musique à fond, yeux fermés, je me prépare au show du soir...

Musique enjoué, rythme saccadé, une ambiance relevée dans mes oreilles, je secoue les cheveux, j'entrouvre les yeux à mesure que je lève la tête...

Grand spot sur les lieux, grand champ sur les visages et comme un vieux film, comme un Grease hollywoodien, au rythme de la musique, le show peut enfin commencer...

J'aime à imaginer que nous sommes tous dans une grande comédie musicale...

J'aime à m'imaginer me lever, attraper la barre en experte de pole dance, tourner autour en chantant fort fort fort, toujours plus fort pour couvrir les bruits des rails et que le perchiste son chope bien le timbre délicat de ma voix rauque.

Je danse dans les couloirs, entre les sièges, en attrapant le visage des jeunes, des vieux, des couples et des puceaux boutonneux qui lisent deux trois poèmes en se laissant porter par la berceuse ferroviaire.

Et comme par magie, certains se lèvent pour répondre... Je n'avais pas imaginé que le costaud en costard portait un piercing au téton ni que le chevelu hard rockeur pouvait reprendre le rôle du castrat de service... A cappella, on se croirait dans une Star Academy au rabais... Deux trois entrechats pour l'ado en jogging, un pas de bourrée pour la mère de famille qui lève le nez de sa liste de courses...

Un Grease à 19h dans un train de banlieue, à troquer le cuir contre la doudoune, la clope avec le stylo, le brushing avec la casquette...
Un West Side Story entre le wagon haut et le wagon bas.
Une histoire d'amour restée sur le quai à qui faire des coucou et des sombres mélodies pleines d'espoir.
Un peu de chaux sur les voies et des tenues rouges portant des sacs blancs, de quoi faire pleurer et amener un peu d'émotion.

Sauter sur ses pieds, danser, déraper entre les wagons, chanter plus fort que les chœurs des voyageurs... Raconter sa journée et ses états d'âme à la manière d'ABBA et envoyer valser nos chaussures sur les contrôleurs...

Je vois les plans séquence orangé des trains au siège en cuir.
Et les roublards qui fument, à qui faire la morale une bonne fois pour toute...
Envoyer de l'argent en l'air pour regarder les pauvres mendiants se battre à grand coup de ticket restau... (comédie musicale politiquement incorrecte pour cyniques avertis)
Foutre des coups de pied chorégraphiés au pervers qui cherche à nous montrer son entrejambe entre deux stations...
Arracher les oreilles du petit con qui ne connait pas l'existence des écouteurs et lui imposer notre musique pour le restant de ses souvenirs...

A chaque fois que je suis assise, debout, accroupie, sur une jambe, en équilibre contre le dos d'une personne,
A chaque fois que je suis bercée, secouée par un moyen de transport collectif,
A chaque fois, je souris...
Et porte-jarretelle, fume cigarette, avant de retourner à mon quotidien, héroïne hollywoodienne, héroïne bollywoodienne, les rails m'offrent mon dernier rôle en société...

Il suffit juste de rêver...

Verrai-je un sourire sur vos visages de voyageurs ce soir ?

dimanche 11 octobre 2009

D'anonymes petites vies...


Encore un dimanche soir sur la Terre... Toujours un peu de nostalgie, toujours un fond de déprime... Ravivant d'antiques souvenirs, réveillant dans le réel des nœuds au ventre et des larmes anciennes... Comme une envie mélancolique de se replonger pour quelques instants dans la poussière d'heureux moments enfouis sous des débris d'années...

Encore un dimanche soir sur la Terre... Et fidèle à moi-même, j'en appelle aux pensées d'avant...

Souvenir d'un samedi soir sur la Terre... Quelques années auparavant... Un goût d'hier dans la bouche et le sourire en coin pour les heures, depuis, à en rire...

En retard, à trépigner dans le métro, le visage collé aux portes, j'aperçois à peine mon reflet dans la vitre tant le verre est gras. Période estivale, les mômes ont étalé leurs mains pleines de glace fondue un peu partout.
Les portes s’ouvrent enfin, en un pas je cours déjà, sans rien remarquer, en poussant la foule qui arrive à contre sens. Courir en criant "pardon, excusez-moi ".
Stoppée nette. Devant, un mur. Voie sans issue. La sortie est de l’autre côté. Joli coup. Les gens se marrent sur mon demi-tour. Je traîne les talons, je baisse la tête, un brin minable.
Je suis en retard. Je m'en fous maintenant.

En sueur, devant une porte blindée, je me décide enfin, respiration profonde, à sonner.

Une heure plus tard, les yeux rivés sur mon verre, je maudis la terre entière, maudis la vie, maudis ces couples et me maudis moi-même d’avoir accepté de venir à cette soirée.
Seule sur un canapé, faisant face à six chaises. Chaises non musicales, ça ne tourne pas, ça ne bouge pas, si ce n’est pour échanger des baisers.
Et oui, je suis seule face à trois couples, trois mignons petits couples, trois écœurants petits couples, dégoulinant d’amour et d’ignorance.
La naïveté humaine a six visages et ils sont tous tournés vers moi.

Je ne parviens pas à esquisser un sourire, le visage fermé, je ne relève la tête que pour regarder l’écran de télé allumé que je peux apercevoir entre deux visages. Un match de foot. Un samedi soir. Moi, un samedi soir, devant une vodka orange, un match de foot et six visages souriants qui ne cessent de sourire que pour mélanger leurs salives.

Le débat est lancé… Les petits couples vont s’installer dans leurs appartements respectifs…
Se pose alors la question primordiale (Dieu sait comme on est con quand on est en couple) des meubles de chez Ikea… Le modèle imprononçable… La couleur sur les murs des toilettes… Et la peinture dans la chambre ? Mettre des couleurs différentes dans chaque pièce… Un bel orangé pour la chambre pour le couple de gauche, celui de droite opterait pour un rose pâle… L’évier sympa, et le mobilier de salle de bains où tout le monde s’accorde pour le bleu et les serviettes de bain assorties… Et les toilettes de la couleur du papier cul…
Les hommes rient et parlent gros œuvre. Abattre un mur, faire un bar dans la cuisine… Les joints du carrelage et le parquet rétorque celui du milieu…

A moi, ça me rappelle juste ma propre connerie… A disposer des photos sur les murs de l’appartement que j'ai occupé avec mon ex pour finalement les retirer, il y a quelques semaines, en signe d’adieu à cette vie…
C’est bien beau l’évier et le mobilier que l’on va vider pour quitter cet appartement… C’est bien beau les couleurs pastel dans la chambre et les draps assortis dans lesquels on ne dormira plus jamais… C’est bien beau le choix de l’armoire qui nous aura pris une semaine de peinture pour au final la vider de ses effets, la regarder et savoir qu’elle finira dans un dépôt vente…

Je n’ai rien à dire…

Je m’étire sur le canapé et finis par renverser mon verre… En voilà une excuse toute trouvée pour fuir dans la cuisine. Je finirais par m’asseoir sur une chaise devant l'évier en regardant mon téléphone, espérant qu’un ami appellera pour me secourir…

En revenant dans le salon, les conversations vont toujours bon train autour de l’aménagement des appartements de chacun. Celui du milieu a allumé un joint qu’il fume discrètement pour ne pas avoir à le faire tourner… Atterrée, je suis atterrée…
Et le visage de mon amie tournée vers moi qui sourit faiblement en forme d’excuse de m’avoir conviée. Elle me demandera si je vais bien…
Je regarderais chaque paire d’yeux devant moi, et pesant mes mots, dirais : "Moi aussi, j’ai eu un appartement. Moi aussi j’ai passé mes dimanches après-midi chez Ikea… Une heure pour se garer, deux heures dedans juste à se balader, une demi-heure pour se décider à acheter, et des milliers d’euros qui sont partis dans des meubles en kit montés le soir même avec entrain… Ouais moi aussi j’ai eu ça… et puis voilà, ce soir je suis assise toute seule dans ce canapé. Risible, non ?"

On me rétorquera que chaque histoire est différente et que si la mienne a été un échec la leur n’en sera pas forcément une.
Cette conviction des couples…
Cette haine de voir devant eux la représentation de l’échec d’une vie de couple…
Cette conviction que leur vie de couple à eux, la leur, elle seule, tiendra toute la vie…
Cette conviction que j'avais moi-même au début !
J'aimerais faire cesser ces discours par une banalité sans nom "Je vous souhaite tout le bonheur du monde".
Mais en tout état de cause, je ne le pense pas.
Je souris en pensant au jour où ces messieurs et ces demoiselles viendront en pleurant prendre les photos qu’ils ont mises au mur, viendront récupérer leur brosse à dent en jetant un coup d’œil à ce mur qu’ils avaient peint en riant ensemble un dimanche avant de faire l’amour à même le sol.
Je souris en pensant à toute cette tristesse qui tombera sur leurs épaules.
Je souris en me disant que je suis monstrueuse de méchanceté mais merde j'en ai bien le droit après tout.
La conversation se poursuit sur le coût des travaux dans les appartements. "Mais hé réveillez-vous ! Et si on parlait du CPE… et si on parlait de choses qui concernent l’avenir de chacun ?" Mais non... Je resterai les yeux rivés sur la télévision avant de me décider à finir mon deuxième verre de vodka. Je me lèverai et prétexterai le dernier métro. Je ferai la bise à tous ces amoureux que je ne reverrai jamais. Je dirai au revoir à monsieur parquet, à mademoiselle chambre orange, à mademoiselle feng shui, à monsieur qui va détruire un mur dans sa maison achetée à crédit.
Je quitte l’appartement de mon amie. Elle me raccompagne et, posant sa main sur mon épaule, me dit que ce n’était pas prévu ainsi, que je ne devais pas être la seule célibataire.
Je secoue la tête, ce n’est pas grave… Un ton résigné…

Devant les rails, à la station de métro aérien, je regarde les lumières de la ville… Je n'ai pas couru pour avoir le métro, je n’ai pas couru, j'ai décidé de prendre mon temps, de savourer ma solitude pour regarder les détails de la ville.
Puis, je me suis lassée de cette solitude, j'aurai aimé parler à quelqu’un, j'aurai aimé qu’on passe son bras autour de mon épaule pour me protéger du vent, j'aurai aimé regagner l'appartement décoré par mes mains et prendre la brosse à dent qu’un homme m'aurait tendue…
Mais je suis rentrée chez mes parents sans faire de bruit… J'ai regardé les photos au mur en pensant aux discussions qu’ils avaient dû avoir pour décorer le foyer.

Je ne veux plus jamais aller chez Ikea, je ne veux plus jamais avoir à aller chercher mes affaires dans un appartement qui a été le mien et dans lequel je me suis blessée pour poser des clous au mur, je ne veux plus jamais regarder de croquis de meubles en kit.
Je veux juste écouter de la musique triste.
Dans ma chambre d'adolescente, j'ai fouillé dans une boite.
La première fois depuis que je suis partie de chez moi.
J'ai regardé les sourires figés d’un couple que j'ai formé.
J'ai été comme ceux qui m’ont dévisagé toute la soirée.
J'ai pleuré.
Et je me suis promise de ne plus fréquenter de couples.

En fermant les yeux, en mettant mes boules Quiès, je me suis faite une raison.
Le monde continuera à tourner et l’amour à exister, et ce même si je ne suis plus une des élues…

lundi 5 octobre 2009

Such a Drama Queen !

Se retenir...
Un concept qui parlera à tous... Et surtout à toutes...
Se retenir, prendre sur soi...
Laisser la frustration gravir les échelons du tolérable à l'obsessionnel...
Se retenir d'aborder certains sujets, se retenir de prendre son téléphone et de laisser des tas d'appels en absence, des messages embrouillés qui ne parleront pas à l'autre, se retenir de dire des choses malheureuses...
Se retenir de peur de passer pour l'accro, la dépendante affective...
Se retenir parce que bordel! il parait qu'une fille ça doit se faire désirer, et puis parce qu'on veut tester un brin l'autre...
Se retenir d'être soi-même...
Se retenir de dire ses sentiments, se retenir de déverser d'amour, de plonger dans le mélodramatique... Quitte à s'en torturer la tête, quitte à compter les heures...
Se retenir...
Accepter le silence, accepter l'attente, accepter ... Ne plus y penser, tout du moins tenter de ne plus y penser...
DAMNED !!!
Je n'ai jamais franchement su me retenir, quitte à m'en mordre les doigts (absence d'ongles oblige (faut suivre mes cocos !))
Savoir attendre sans attendre, savoir meubler sa tête, son agenda pour laisser l'instant gagner... Que le Carpe Diem règne...
Mais ne serait-ce pas un peu diabolique de s'infliger telle épreuve ?
N'ai-je jamais appris la frustration ou est-ce une manifestation d'anxiété généralisée ?

N'avez-vous jamais été dans les bras d'un homme ou d'une femme, après l'amour (instant dont vous devez impérativement vous méfier) prêt à déclamer des tas de grands sentiments ?
Une petite voix ne vous a-t-elle pas dit à ce moment là "Attends ! Attends que ça vienne de l'autre !" Mais hé ! Et si ça ne venait pas ? Dois-je me frustrer sous prétexte qu'il faille que ce soit l'autre qui me noie d'amour le premier ?
Mais, et si l'autre se disait exactement la même chose ?
On n'en finit plus de se retenir alors...

Laisser le temps au temps, jouer la distance, se faire attendre soi-même...
Non, je suis mauvaise à ce jeu, comme une incapacité à m'interdire de dire, de faire...
Comme une attitude en permanence en rébellion avec les règles de l'amour, de l'amour propre...
Si seulement j'étais en adéquation avec mes désirs !
Dans mes fantasmes, je suis distante et on me court après pour essayer de me retenir... Dans mes fantasmes, je suis source de grands sentiments, je suis celle que l'on attend désespérément...
Dans mon quotidien du lundi soir, je suis celle qui se dit qu'un jour il faudra reprendre le manuel et cesser d'adhérer à l'idée qu'il ne faut pas se priver, que ça provoque des ulcères... Que la frustration crée les tueurs en série...
Mais l'idée grandit en moi que le tueur en série sommeillant dans mes veines ne sortira qu'après des heures à attendre de la sorte...
Vous me direz, tu n'as qu'à arrêter d'attendre... Tu n'as qu'à arrêter d'y penser...
Grand sourire de la demoiselle qui adore les "tu n'as qu'à" et qui a bien envie de vous demander "Ah ouais et tu fais comment toi pour que ton cerveau lâche une idée fixe ?"

A votre guise, attendez, n'attendez pas mais petit conseil qui vaut ce qu'il vaut (comprendre lundi soir, les doigts esquintés par les cordes de guitare, le kir sucré, le sauciflard, la tonne de vaisselle qui attend sagement), après l'amour ne mouftez pas un mot...
Non jamais !
Vous pourriez vous retrouver avec un homme (ou une femme) chez vous, son sac, ses cartons, juste pour avoir pensé que l'orgasme était confirmation du Grand Amour et que ça coulait de source qu'il vienne emménager chez vous pour vous faire jouir tous les jours !

Alors là, oui mes amis, au diable les rebelles de la frustration pour le coup, après l'amour, fermez la bouche, respirez par le nez, et gardez juste ce sourire de panda idiot !
Ce sera déjà une très belle déclaration d'amour !

mardi 29 septembre 2009

J'm'en vais gratter mon manche...


En tant qu'ancienne dévoreuse d'ongles, mon popotin se secoue à la vue d'un ongle qui se casse... La joie de pouvoir le sucer, le déchirer, puis le ronger pendant des heures sans souffrir de la culpabilité de l'avoir sciemment découpé avec ses petites dents...
Mais en tant qu'ancienne dévoreuse d'ongles, je peux attester devant témoins que la seule chose pouvant m'empêcher de me ruer sur mes doigts à grand coup d'incisives est de voir ces jolis petits ongles longs tapoter les tables en rythme...
Il est donc assez classique de voir un repenti porter les ongles très longs, voire même trop longs, et souffrir de ce fait d'une sorte d'handicap pour certains gestes de la vie courante...
De plus, il ne faut pas oublier qu'après avoir passé des années à se priver de l'utilité de posséder des griffes, l'ancien dévoreur d'ongles a toujours des réflexes étranges... comme utiliser ses dents pour ouvrir un emballage alors même qu'il pourrait utiliser ses ongles... Mais c'est sans penser que l'ongle de l'ex rongeur obsessionnel a une capacité bien à lui de n'avoir aucune force et de plier devant n'importe quel morceau de plastique...`

Tout ça pour quoi ? Tout ça pour dire que comme tout autre repenti, je regarde mes ongles pousser, je me réjouis de les voir longs, longs, longs, blancs, blancs, blancs, et parfois noirs dégueu, je me réjouis de découvrir le vernis (moins de découvrir qu'il s'écaille !), les différents types de limes, le dissolvant qui pue, qui fait tourner la tête et qui colle aux doigts, l'obsession de taper toute surface plane avec ses ongles, de griffer tout ce qui traîne, de pouvoir se gratter soi-même et de renoncer aux hommes pour ce faire, et puis et puis... se curer les dents en toute discrétion... se gratter le cuir chevelu et l'intérieur des oreilles à l'occasion (si ce n'est pire...).

Comme tout autre dévoreur d'ongles anonyme, l'idée de les couper relève alors du péché, de l'immoralité absolue, de la négation de leur identité propre... Même si je finis par ne plus sentir les touches du clavier, même si je ne vois pas l'intérêt qu'ils peuvent avoir au quotidien, à part la phobie effroyable qu'ils se retournent... Je ne sais pas vous, mais pour ma part apercevoir dans un film un ongle se retourner me fait cauchemarder toute la nuit durant (adios les films d'horreur !)
Et puis ils sont si ingrats ces ongles ! Je les laisse en vie et ils me trahissent à la moindre occasion, à se retourner, à se dédoubler et je finis une journée avec un doigt sur deux joliment ornementés... Et étrangement, la main droite déplore toujours des dégâts irréversibles...

Mais malgré tout, je ne m'y résouds pas... Je ne peux m'y résoudre... Je les regarde, je les touche et je frémis toujours de plaisir quand la main d'un homme vient s'y frotter... Longs, longs, toujours plus longs... A s'en repaître, à se féliciter d'y être parvenu et à hurler tous les saints quand l'un d'eux décident de décéder et de laisser votre main bancale et disgracieuse...

Sauf que ce soir, j'ai pris la décision de prendre ma guitare qui prend la poussière depuis un an...

Ce soir, je dois renoncer à mes ongles.
Coupe ongle et manche à guitare.

Mais pourquoi persiste-t-on à appeler ça une gratte ?

Comme dirait mon prof de guitare (à qui j'ai fait part de mes inquiétudes d'ancienne ongulo-dépendante), "imagine que c'est une lime à ongles géante" !


dimanche 27 septembre 2009

Je hais les dimanches !


Je me suis réveillée soudainement...

Le son de l'aspirateur dans l'appartement voisin...

En prenant mon thé, j'en suis arrivée à la conclusion que si tant est que le sèche-cheveux est mon allié anti coup de mou, l'aspirateur est le Prozac de ma voisine... Tous les jours, plusieurs fois par jour, juste pour le plaisir de l'allumer parfois, 10 minutes le temps de faire le vide, 2 minutes le temps de hurler intérieurement...

En mâchant mon Prince de Lu goût chocolat (et surtout pas les "tout choco"!), j'ai décidé d'essayer la technique de recherche de consolation de ma voisine...

Deux heures plus tard, mon appart ressemblait à un appart témoin (ce qui malheureusement ne va pas durer plus d'une journée - merci la chienne, merci ma gestion bordélique de l'espace) et je n'étais pas plus calme pour autant...

Une heure plus tard, je m'acharnais alors à passer l'aspirateur dans ma voiture, poils de chien après poils de chien, cheveux après cheveux, poussière après poussière, feuilles après cailloux, tout est passé dans le tube avec ce mignon petit bruit au contact de la paroi métallique...

De retour à ma réalité, je constate que l'appartement est propre, que la voiture l'est également... Je devrais me réjouir en me disant qu'il va falloir recommencer tout ça dans quelques jours, retrouver l'aspirateur et cet instant de paix...
Mais, je dois le reconnaitre, nul instant de paix dans l'aspirateur...
Je préfère mon sèche cheveux...
C'est tellement dommage !
Ce serait tellement bien que la chose qui me console et me fasse du bien soit de faire le ménage...

Vrrrrr
(Bruit du sèche-cheveux)
Vous croyez que je peux dire à ma voisine de venir soulager sa peine en passant l'aspiro chez moi ?
Vrrrr
(Bruit du sèche-cheveux)

mercredi 23 septembre 2009

"Love Hangover" en maillot et chaussures à crampons...



Un petit verre de muscat, une clope, je commence la soirée avec de drôles de pensées... Et pour le coup, je me sens d'humeur à les partager...

Fond sonore : football...
Je ne savais même pas que Boulogne sur Mer avait une équipe de foot et encore moins une équipe jouant ailleurs que dans le stade du coin le dimanche matin...


Je me surprends à rêver en les entendant parler de pénétration, d'attaque en profondeur, d'offensive, de jeu au sol, de tirage de maillot, de marquage à la culotte, de gazon glissant, de coups qui ne manquent pas de percussion ...

Ça ne vous laisse pas rêveur vous autres, ces jolis termes qui prêtent si peu à confusion...
Ai-je les idées mal placées, suis-je en pleine sublimation ? N'y a-t-il que moi qui entend Love Hangover de Diana Ross dans la voix des commentateurs ?

En réalité, il me semble que mon esprit se pervertit au fur et à mesure que cette question (qui m'a taraudé tout au long du jour) ne trouve aucune réponse... Une question toute féminine que chacune a pu une nuit, un jour se poser - si tant est que vous mettiez du mascara-

Oui c'est facile l'idée qu'une simple question puisse donner à de simples termes footballistiques une ampleur toute érotique... Mais c'est la seule raison que je trouve...

Je vous laisse y réfléchir :

Pourquoi diable est-ce qu'après avoir échangé son corps et sa salive avec un autre être humain, nos yeux de biche se transforment en yeux de panda ?
Je veux bien vous accorder l'idée que certaines femmes peuvent pleurer de plaisir ou transpirer sang et eau... mais tout de même...

Dites moi, abrégez mes souffrances...
Pourquoi est-ce qu'en se redressant, en rampant vers les toilettes et en croisant son reflet dans le miroir, c'est toujours ce sursaut effrayant et cette interrogation quasi maladive : Par quelle réaction chimique, de la déesse aux yeux charbonneux, je suis devenue un ours chinois aux pupilles dilatées ?

Je n'ai trouvé aucune raison à la chose et je frémis toujours en réalisant que pendant de longues minutes, j'ai regardé pleine d'amour l'objet de ma convoitise et que ce dernier, plein d'amour et de contentement tout masculin, a vu l'objet de ses fantasmes le mascara dégoulinant, le menton rouge vif...
Un panda qui aurait tremblé en mettant son rouge à lèvres...
De quoi donner envie à n'importe quel homme de recommencer !

Vraiment ?