mardi 10 novembre 2009

"A mesure que le temps passe, je mesure le temps qui passe..."

Des semaines à regarder le temps passer...

Avec l'allure du temps qui se méprend sur mon sourire, je réalise le fruit de ma folie : à chercher le premier rôle dans ma propre vie, je fais de la figuration...

Je souris niaisement derrière l'actrice principale espérant un coup d'œil du jeune premier gominé.
A vrai dire, ce film est déplorable, ma vie peinte par un autre, même pas capable d'écrire mon propre synopsis...
Devrais-je me donner le rôle principal dans le scénario de mon existence ? Ou me cantonner à ce statut d'observatrice ?

J'en arrive à craindre de faire partie de ces anonymes faisant la queue à la caisse de Dieu... Les uns pressés, les autres, yeux rivés sur les précédents craignant les sentences.
Parfois j'ai envie de hurler, "Posez moi hors du rang", peu m'importe, je veux être remarquée, que ce soit à une caisse moins de dix péchés, à une caisse personne handicapée de la vie... Qu'importe du moment qu'ils sont gênés par mon existence.

Je ne veux pas être l'une de ces anonymes...


Malheureusement, je me trimballe avec un sentiment misérable, une impression quasi constante d'être sur la bande d'arrêt d'urgence...
Les autres filent et moi j'attends toujours qu'on me chope au passage...
Résultat, je n'avance pas bien vite et quand je trouve une de ces cabines téléphoniques oranges, je suis bien trop reconnaissante à celui qui répond, à la limite de lui remettre ma vie... "Fais mon bonheur, fais mon malheur, mais fais moi avancer au moins sur un kilomètre"...
Mais toujours et inexorablement, je termine sur la bande d'arrêt d'urgence à regarder ceux qui se font flasher, ceux qui se font doubler mais toujours, toujours ceux qui avancent...
Moi, le pouce en l'air, j'ai même arrêté de marcher, j'ai renoncé à faire le chemin seule, j'attends que quelqu'un s'occupe de moi et veuille bien prendre en charge mes pieds blessés...
Ne dit-on pas qu'il faut trouver chaussure à son pied ? Que qui va pied nu s'écorche ou devient dur comme de la corne ?

J'aurai envie de me trouver une petite embarcation, me lancer sur l'autoroute mais j'ai peur des accidents, j'ai peur des virages et des animaux qui traversent, peur du gendarme et des appels de phare... Alors, je reste sur la bande d'arrêt d'urgence...
C'est un comble quand on pense que l'espérance de vie sur une bande d'arrêt d'urgence est de 15 à 20 minutes (encore une légende urbaine pour faire peur aux humains que nous sommes)...
Au final, je risque plus facilement ma vie à rester inerte là plutôt qu'à avancer dans le flux... Et puis j'ai froid... Balayée par les courants d'air...

Je regarde défiler les vies des autres, ils s'engueulent dans leur petite voiture, ils pleurent, ils rient, ils écoutent la musique très fort, ils font l'amour en équilibre sur le levier de vitesse, ils regardent droit devant eux, ils regardent dans le rétro... Mais ils avancent, ils sont acteurs, le pied sur l'accélérateur... Ils peuvent freiner, débrayer, relâcher le pied, ils peuvent... Ils sont maitres... Même si tout est illusoire, même si tout peut s'arrêter en une seconde... En attendant, la seconde d'avant ils étaient vivants et libres d'avancer, de freiner, de tourner...
Et de me prendre en stop...

Mais vivre sur une bande d'arrêt d'urgence et attendre qu'on vous prenne, ça veut dire ne rien décider, ne rien choisir, se faire choisir comme au cours de sport quand les capitaines d'équipe optent pour le plus sportif et vous laissent en dernier choix, être aussi jolie et bandante qu'une prostituée en attente d'un client salvateur... Aussi désespérée et démunie...
Mais, j'en ai marre de me taper les voitures des autres, les engueulades des autres, les musiques des autres, les histoires d'amour que je n'ai pas choisies.

J'ai envie de trouver ma propre voiture, même si ce n'est rien d'autre qu'un vieux tacot qui tousse, partir sur l'autoroute de ma vie, croiser des compatriotes, leur faire des bras d'honneur, leur envoyer des bisous coquins, écouter ma musique, choisir mon auto stoppeur, le balancer dans un virage, prendre la sortie de droite, aller voir la mer sur un coup de tête, gueuler sur le GPS, le rendre coupable des sorties de route et puis acheter des moufles pour ne plus avoir à sortir mon pouce...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

mon texte préféré.....

Anonyme a dit…

j oubliais
querido