jeudi 28 janvier 2010

L'âme slave...


Est-ce qu'il existe une dénomination particulière pour ce besoin quasi obsédant de s'en mettre plein la tête, de s'en rajouter une couche, de remplir un vase déjà trop plein, de chercher par tous les moyens à détruire le peu de joie qui se tenait à carreau dans le cerveau histoire de ne pas trop se faire remarquer par la mauvaise humeur ambiante ?
Est-ce une pathologie reconnue par la CIM 10 ou le DSM IV ?

Parfois, je me regarde dans la glace après avoir succombé à ce besoin de me plomber le crâne par de vilaines pensées et, comme une évidence, je me dois d'admettre que je suis une menace, une vraie menace pour moi-même.
Comme si on n'avait pas assez de prédateurs, comme si on ne se détestait pas assez entre nous, autant devenir son principal ennemi et sa principale proie...

Je suis une menace pour moi-même... Je pense même qu'on peut s'accorder sur le fait que je suis un vrai Crash Test Dummy...
Prête à me mettre dans des contextes intenables voire insupportables juste pour le plaisir de me faire du mal, ou peut-être pour le plaisir de me rendre compte qu'on survit à tout ?
Toujours, en tout cas, pour l'expérience, pour jauger de l'effet du crash test sur mon moral... Du plus anodin au plus douloureux...

Il y a quelques jours, ayant subi les assauts des flocons pendant de longues minutes, j'ai bien dû regagner mon parquet et accepter que "Oh mon Dieu, j'étais bloquée chez moi"... Certains auraient eu un grand sourire à l'idée de pouvoir rester au chaud, à boire un thé, à regarder un film, à ranger, à trier, à faire ce que le temps ne nous permet jamais de faire...
Pour ma part, je n'ai ressenti que l'angoisse accompagnant le "Comment occuper tout ce temps?"...

Malgré toute ma bonne volonté (je fais des listes de tout, de rien, et parfois je me surprends même à écrire sur ma liste : "prendre douche"), l'inactivité a, petit à petit, commencé à crisper mes poings qui en avaient assez de tenir la quatrième tasse de café et la neuvième cigarette...
Les yeux ont commencé à en avoir assez également de rester rivés sur un écran où défilaient des petites étoiles...

La fainéantise a pointé son nez l'air de rien et me laissant gagner, ne trouvant aucun moyen d'occuper le temps (nul même l'envie de l'occuper d'ailleurs) en allumant ma dixième cigarette, j'ai tapoté des ongles (les survivants) ma table au souvenir de la dernière conversation que j'avais eu avec ma mère - Mère plus qu'inquiète, angoissée et désespérée à l'idée du célibat de sa fille... "Je n'ai pas de petits enfants..."

Un jour, je me risquerai à exorciser le discours pesant de ces parents inquiets qui ne font qu'écorcher le peu de confiance en la vie que tous célibataires essaient de conserver à grand coups de "Mais pourquoi tu n'arrives pas à rester plus longtemps en couple ?", "J'espère que le prochain sera le bon", "Pourquoi acheter une maison avec un jardin à la retraite, on n'est pas près d'avoir des petits enfants...".

Un jour, je me risquerai à exorciser le sourire que tous célibataires gardent face à ces parents, parce qu'ils ne comprendraient pas les hurlements, ils ne comprendraient pas que tout cela n'est pas forcément un choix et que bien sûr, on aimerait bien leur en donner des petits enfants mais qu'apparemment ce n'est pas prévu par les astres !
Oh oui, un jour, je m'y risquerai...

J'ai tenté d'échapper au souvenir de ce coup de couteau se remuant dans mes côtes et j'ai occupé mes yeux et mes poings devant ce merveilleux site de réseau social...
Je le trouvais si ludique, je riais de suivre les péripéties des amis, d'apprendre leur rupture, leur coucherie, de voir s'afficher des douleurs et des joies si intimes...
J'en riais de voir leurs photos parfois si inintéressantes, floues, ne servant surtout qu'à se rassurer d'avoir une vie, une vie drôle, une vie à narrer...

J'en riais tant et tant que je n'ai pas maîtrisé l'avènement du syndrome démoniaque du Crash Test Dummies exacerbé par l'inactivité... Me baladant de pages en pages, de profils en profils, sans retenue, à rechercher d'anciens camarades de classe, de collège, de lycée, à me promener sur leurs "Friends", à retrouver d'autres anciens, à ouvrir mille onglets pour voir ce qu'ils sont devenus, comme si leur avenir avait une quelconque incidence sur mon sommeil...
Juste vouloir savoir si leur tête sétait déformée depuis la disparition de l'acné, à chercher si le métier qu'ils rêvaient de faire ressemblaient à celui qu'ils font à l'heure actuelle, si celui qui voulait devenir avocat international ("pour voyager et se faire un max de thunes") n'était pas devenu comptable en PME...
A chercher surtout derrière tous ces faux semblants si ceux que j'avais fréquenté pendant X années scolaires au summum de ma personnalité ("gothico-hippy-new wave") avaient eux aussi des parents qui les appelaient pour leur raconter des anecdotes juste bonnes à vous désespérer d'avoir des neurones qui vous empêchent de faire des enfants au premier passant venu...

Je suis une menace pour moi-même...
Je savais à quoi m'attendre, je savais que j'allais juste me faire un peu plus de mal, à croire que mon popotin ne tenait plus en place sur son pouf à l'idée de déprimer le conscient, le subconscient et le moi...

Deux heures plus tard, je pleurais en fumant ma quinzième cigarette...
Des photos de mariage, des photos d'enfants, des rires et "que du bonheur"...
Et cette question obsédante : Mais quelle étape ai-je foiré ?
A quel moment s'est présentée devant moi la voie "Enfants Mariage" ?
Pourquoi ai-je choisi une autre déviation ?
Non, même pas la sortie "Carrière Epanouissement".
Non, juste une voie intermédiaire...
A quel moment ?

Le Crash Test Dummy avait encore frappé, à se cogner devant l'évidence que ces gens connus dans une autre vie ont des parents ravis qui ne les regardent pas tristement se demandant avec l'angoisse toute parentale si leurs enfants seront seuls à jamais...

Je me suis regardée dans la glace, j'ai fait tomber ma cendre, j'ai secoué la tête et j'ai décidé d'utiliser la fin de ma quinzième cigarette pour mettre le feu au DSM IV et au CIM 10...

Pour quelques heures, j'ai refusé de continuer à faire ma psychopathe de service... Le Crash Test Dummy a pris son appareil photo et est parti entendre le bruit de ses pas dans la neige...
Et puis tiens, il rajoutera des photos de sa journée sur son profil facebookien histoire de faire croire aux autres que l'absence d'enfant et de mari qu'est ce que c'est marrant ! Sauf quand on a une mère qui a projeté son besoin de petits enfants sur sa chienne ... (Encore que... Même ça, ça peut être marrant...)

2 commentaires:

Unknown a dit…

Les astres ont surement prévus beaucoup de choses pour toi mais ce n'est peut etre pas encore le moment.

les parents se projetent toujours sur nous mais ce qui est vital c'est que tu fasses ce dont TOI tu as besoin.Il te faut essayer de t'entrainer à fermer tes oreilles à tout ce que l'on peut te dire.
et un jour tu auras un mari, des enfnats, une vie bien à toi et là tu pourras leur dire M****!

Carine a dit…

C'est clair, on a tous des défauts aux yeux de nos parents... ceux ci n'ont pas eux d'enfants à leur tour, d'autres ne sont pas devenus avocats ou médecins, d'autres encore nous on abandonnés qd on est devenus vieux, d'autres ont mal tourné... les attentes qu'on a sur nos enfants font souvent écho à nos propres défaillances ou besoins qu'on a pas su remplir pour soi mm...
alors restes sur ta propre route, attentive aux panneaux qui te signaleront ton chemin, celui vers le bonheur que tu recherches...